Le secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurria, a reconnu vendredi n'avoir pas vu venir la crise provoquée par la faillite de la banque Lehman Brothers il y a 10 ans, appelant le monde économique à écouter les victimes de cette débâcle financière.

« En juin 2007, au terme de ma première année en fonction, les prévisions économiques de l'OCDE assuraient que la situation économique n'avait pas été aussi bonne depuis des années », a affirmé Angel Gurria lors d'une réunion à Paris consacrée aux leçons de la crise. Lire ces lignes 10 ans après « c'est comme me poignarder moi-même », a reconnu le patron de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), institution qui à l'époque se montrait également « optimiste à l'égard du marché des crédits immobiliers américains », qui étaient pourtant sur le point de s'écrouler.

Tirant les leçons de cette crise, Angel Gurria a admis que « la pensée dominante économique et les modèles sur lesquels elle était basée ne reflétaient ni la réalité économique ni la vie des gens ». « C'est pour cette raison que nous n'avons rien vu venir. Nous nous étions trompés et nous devons l'avouer », a affirmé le secrétaire général, l'un des rares responsables économique à l'époque de la faillite de Lehman Brothers à faire un tel mea culpa.

« Ecouter ce que les gens ont à nous dire »

Lors de son intervention à l'occasion de cette rencontre, qui a lieu au siège de l'OCDE sous le titre « Qu'avons nous appris 10 ans après la chute de Lehman Brothers ? », Angel Gurria a appelé à écouter les laissés pour compte de la crise, un message qu'il répète depuis plusieurs années. « Nous pouvons commencer par ne pas ignorer les sentiments des gens qui ont été laissés sur le côté, par écouter ce que les gens ont à nous dire », a-t-il assuré.

L'ancien ministre grec des Finances Yanis Varoufakis, invité par l'OCDE, a également regretté « notre échec à gérer les répercussions de la crise ». « Le système financier est aussi mal géré qu'il l'était en 2006 ou en 2007 », a-t-il assuré à la presse en marge de la réunion. « En Europe, les fondements économiques et politiques sont plus brutaux que jamais et la crise politique que nous observons de nos jours en est le résultat », a-t-il assuré.

L'ancien ministre, qui avait fait partie début 2015 du premier gouvernement d'Alexis Tsipras en Grèce, a toutefois a appelé à « écrire une nouvelle page » et a notamment proposé de nouveaux accords de Bretton Woods pour redessiner le système financier international et un « new deal vert » pour donner de l'impulsion à la politique environnementale.