Attendu pour début 2019, le compte courant de la coopérative bancaire n’a pas encore trouvé son modèle. Faut-il lancer une offre indépendante mais restreinte ? Ou le confier la gestion du compte à une banque partenaire ?

La Nef cherche à étoffer son offre centrée sur l’épargne éthique et le crédit aux entreprises. De longue date, la coopérative bancaire a pour projet de lancer un compte courant, avec une carte bancaire, à destination des particuliers. Dans cette optique, la Nef a obtenu en 2015 l’extension de son agrément bancaire, lui ouvrant la possibilité de distribuer des livrets en nom propre (voir l’encadré ci-dessous).

Elle prévoyait en outre le lancement d’une offre de compte courant également en nom propre en 2017. Or, les difficultés pour obtenir l’accord de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution ont conduit la banque à repousser le lancement du compte particulier et à changer de stratégie. « Si la crise des subprimes en 2008 a été provoquée par des comportements qui n’avaient rien d’éthique, le durcissement de la réglementation a impacté tous les acteurs de la finance, y compris la finance éthique qui se retrouve en difficulté », nous a ainsi expliqué Bernard Horenbeek, président du directoire de la Nef.

S'allier à une banque ou créer un établissement de paiement ?

Si la date de lancement du compte semble arrêtée – la sortie est prévue début 2019 – les modalités de son fonctionnement restent à clarifier. Initialement, la coopérative financière ambitionnait de lancer ses propres comptes courants. Début 2018, la Nef a diffusé l’idée d’un partenariat avec le Crédit Coopératif. Elle commercialiserait les comptes, mais les dépôts de ces comptes seraient confiés à l’enseigne de BPCE (groupe bancaire composé notamment de la Banque Populaire, de la Caisse d’Epargne et de Natixis). Interrogé sur l’accord, le président du directoire de la Nef nous a expliqué que « plusieurs options restaient sur la table, des options sur lesquelles nous avançons en parallèle », ajoutant que « la version définitive de l’offre sera prochainement tranchée ».

Plus concrètement, outre le partenariat direct, la Nef réfléchit également à créer une nouvelle structure détenant un agrément d’établissement de paiement. Cela lui permettrait aussi de lancer une offre de compte avec carte, mais plus limitée qu'un compte bancaire classique. L'octroi de découverts ou de chéquiers ne seraient pas envisageables. Dans ce cadre, la réglementation obligerait en outre la Nef à cantonner les dépôts de ses clients, c’est-à-dire à les isoler dans un établissement de crédit de sorte que ni la Nef, ni la banque qui abrite le compte de cantonnement ne puissent puiser dedans. L’inconvénient : les dépôts sur ces comptes ne pourraient pas servir à octroyer des prêts.

Dans le cadre d’un partenariat plus direct avec le Crédit Coopératif, l’argent des comptes courants serait pris en charge par l’enseigne du groupe BPCE. L’enjeu pour la Nef, si elle retient cette solution, est donc la gestion des dépôts des clients. « Il faut que nous ayons une maîtrise de l’utilisation des fonds, qu’ils soient gérés de manière transparente », insiste Bernard Horenbeek. « La finance éthique veille à réfléchir sur les impacts d’un acte financier sur le client, sur la société et sur l’environnement. Notre projet de compte courant reposera sur ces principes », ajoute le président du directoire de la Nef.

La Nef et le Crédit Coopératif : des partenaires de longue date

Avant l’extension de son agrément bancaire, la Nef a pu développer des livrets « 100% Nef ». Auparavant, les comptes sur livret n’étaient pas inscrits dans les livres de la coopérative mais au Crédit Coopératif : en 2016, le Livret Nef-Crédit Coopératif a ainsi cédé sa place au Livret Nef. Outre le livret d’épargne, les deux enseignes ont longtemps proposé des comptes courants co-brandés. Leur commercialisation a été stoppée fin 2017.