« La banque en ligne, c’est plus risqué ! » C’est du moins ce que vous redoutez peut-être, effrayé par l’absence d’agence, de conseiller personnel et par la peur de perdre votre argent en cas de faillite. Rassurez-vous ! Les banques en ligne et les néobanques disposent d’un agrément bancaire et sont donc surveillées comme tout établissement bancaire. Voici la rediffusion du premier volet de notre série d’été dédiée aux clichés sur l’argent.

Plus d’un Français sur 5 a ouvert au moins un compte bancaire ou d’épargne dans une banque en ligne ou une néobanque. Et pour cause, un compte courant quasi-gratuit, un gain d’autonomie dans la gestion de ses finances, une carte Gold gratuite ou facile d’accès : ces acteurs ont de sérieux atouts.

Toutefois un cliché leur colle encore souvent à la peau : les établissements sans agence seraient plus risqués que leurs homologues traditionnels. En cas de faillite, l’argent placé dessus serait perdu ! Cette croyance est largement infondée, qu’il s’agisse des banques en ligne (ING, Fortuneo, Hello Bank, Boursorama…) ou des néobanques (Revolut, N26, Nickel…)

Les banques en ligne sont en effet des banques de plein exercice, régulées par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) en tant qu’établissements de crédit au même titre que BNP Paribas, la Société Générale ou le Crédit Agricole. Et qu'elles soient traditionnelles ou à distance, les banques sont soumises au Code monétaire et financier. Elles doivent ainsi se conformer aux règles de bonnes conduites les obligeant, entre autres, à respecter leur devoir d’information. Celles-ci doivent également disposer de fonds propres suffisants, dont le montant est fixé par la réglementation bancaire à l'échelle de toute l'Europe.

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Des banques filiales d’établissements de renom

Mais la proximité entre banques en ligne et banques avec agences va bien au-delà. Les pure-players sont, pour la plupart, des filiales d’établissements traditionnels, ce qui leur permet de tenir leur modèle low-cost et d’accroître leur nombre de clients sans trop se préoccuper des pertes financières.

Ainsi, Boursorama Banque appartient à la Société Générale. Les caisses régionales du Crédit Agricole sont majoritaires au capital de BforBank. Quant à Fortuneo et Monabanq, elles sont détenues respectivement par le Crédit Mutuel Arkéa et par le groupe Cofidis Participations, lui-même dans les mains du Crédit Mutuel Alliance fédérale. Même filiation pour ING dont la maison-mère n’est autre que le groupe néerlandais éponyme. Une banque présente dans une quarantaine de pays, et qui comptabilise 38 millions de clients au global. De son côté, Hello Bank est une marque exploitée par BNP Paribas. A ce titre, elle propose le même catalogue de produits d’épargne et de crédit.

Orange Bank et Ma French Bank alors ?

Lancée il y a 1 an, Ma French Bank est filiale à 100% de La Banque Postale. En revanche, Orange Bank, la banque mobile de l’opérateur téléphonique, n’appartient pas à une banque de détail. Toutefois, elle est née du rachat de la filiale bancaire de l’assureur Groupama. Elle a par ailleurs dû montrer pattes blanches au régulateur français avant de pouvoir lancer son activité. L’ACPR, confrontée pour la première fois au rachat d’une banque par un acteur non-bancaire, a demandé à Orange Bank d’obtenir un agrément d’établissement de crédit.

Et même les néobanques, autrefois indépendantes, font de plus en plus le choix de s’adosser à une banque traditionnelle, à l’image de l’ex Compte-Nickel racheté en 2017 par BNP Paribas ou plus récemment de la néobanque pour freelances Shine acquise par la Société Générale.

Des dépôts garantis à hauteur de 100 000 euros

Et en cas de faillite, que se passe-t-il ? Comme les banques avec agences, les établissements en ligne sont adhérents au Fonds de garantie des dépôts et de résolution (FGDR). Ce fonds est chargé d’indemniser les clients en cas de défaut de leur établissement bancaire. Résultat, si une banque en ligne dépose le bilan, ses clients seront couverts à hauteur de 100 000 euros par déposant. Cette garantie comprend l’ensemble des sommes détenues sur les comptes courants, les livrets ou encore l’épargne réglementée (PEL et CEL). Plus précisément, pour les livrets réglementés (Livret A, LDD et LEP), une garantie à part de 100 000 euros par client et par établissement s'applique. Elle est versée par le FGDR pour le compte de l'Etat.

Et cette règle vaut également pour les banques d'origine européenne exerçant en France, comme ING. En réponse à la crise financière des subprimes, le système de garantie des dépôts a été uniformisé au niveau européen. Résultat, en cas de défaillance d’ING, les clients de sa succursale en France seront indemnisés jusqu’à 100 000 euros par le fonds de garantie néerlandais. C’est aussi le cas pour N26 qui, dans son pays d’origine l’Allemagne, est une banque traditionnelle qui octroie des prêts. Par conséquent, elle cotise aux fonds de garantie allemand, ce qui permet à ses utilisateurs français d’être couverts si besoin. Il en va de même pour Revolut qui a décroché fin 2018 un agrément d'établissement de crédit.

Les banques en ligne, comme Boursorama, Fortuneo et BforBank, ne proposent pas uniquement des comptes chèques et des livrets. Assurance vie, PEA, compte-titres, leur catalogue rivalise presque avec les banques traditionnelles. Là encore, leurs clients peuvent se rassurer. Leurs contrats d’assurance vie sont couverts par la garantie des assurances de personnes (à hauteur de 70 000 euros par assuré et assureur). Pour les placements boursiers, la garantie des titres s’applique tout autant et protège les épargnants à hauteur de 70 000 euros.

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Quid des dépôts dans les néobanques ?

Les néobanques peuvent être des établissements de crédit (comme N26 et Revolut) et sont régulées comme tels. Mais, le plus souvent, il s’agit d’établissements de paiement. C’est l'une des raisons qui expliquent que ces acteurs ne proposent ni crédit, ni produits d’épargne en nom propre.

Autre conséquence, les néobanques ne cotisent pas au FGDR. Pour autant, les clients récupèreront bien leurs deniers, si ces dernières ferment boutique. La raison : les comptes de cantonnement. Les établissements de paiement doivent en effet isoler les dépôts de leur clientèle sur des comptes hébergés dans des établissements de crédit. Par exemple, les dépôts sur le compte de paiement Lydia sont hébergés chez BNP Paribas. Et le régulateur veille à ce que les néobanques ne touchent pas à cet argent… Morning - qui vient de fermer ses portes - s’était ainsi vu retirer son agrément en 2016 lorsqu’elle avait enfreint la règle.

Cela n'évite toutefois pas tous les désagréments en cas de difficultés d'une néobanque, en attestent les déboirs d'Ipagoo. Accusée d'avoir pioché dans les comptes de ses clients afin d'alimenter sa trésorerie, cette néobanque d'origine britannique a fait banqueroute à l'été 2019 et à été placée sous tutelle. Les dépôts des clients ont été bloqués. Contactés, deux utilisateurs français d'Ipagoo nous rapportent à ce jour ne pas avoir encore récupéré leur argent.

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