Plus de 6 mois après son entrée en vigueur, la réforme de la fiscalité de l’épargne – la mise en place d’un prélèvement forfaitaire unique - reste méconnue des épargnants. Naviguant en eaux troubles, ces derniers plébiscitent encore davantage les livrets d’épargne et l’assurance-vie.

On connaît les lacunes des Français quant à l’éducation financière. Début 2018, une étude européenne commandée par l’assureur Allianz nous classait en effet bon dernier en culture financière, derrière les Portugais et les Italiens. Un récent sondage du groupe bancaire BPCE et de l'institut Kantar TNS vient le souligner à nouveau (1). Sa conclusion : les épargnants sont très peu au fait de la fiscalité des produits d’épargne.

PFU : une réforme méconnue

Interrogés sur la récente réforme de la fiscalité – c’est-à-dire la mise en place d’un prélèvement forfaitaire unique (ou « flat tax ») – plus de 70% des sondés préfèrent botter en touche et ne répondent pas aux questions. Résultat, seul un épargnant sur 5 sait que le PFU s’élève à 30% des plus-values. Et avoir en tête ce chiffre ne signifie pas que les Français l’ont compris. En effet, à l’affirmation « il faut ajouter au PFU 17,2% de prélèvements sociaux », seuls 8% des sondés ont répondu, à juste titre, que celle-ci est fausse. Pour rappel, la flat tax (30%) regroupe 17,2% de prélèvements sociaux et 12,8% d'impôt sur le revenu.

Seule la fiscalité des livrets d’épargne réglementée paraît mieux maîtrisée… 58% des épargnants affirmant, à raison, que le Livret A et le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) n’ont pas été impactés par la réforme et restent exonérés d’impôts.

A lire : Comment va fonctionner le prélèvement forfaitaire unique (flat tax)

Des épargnants qui recherchent pourtant des avantages fiscaux

Paradoxalement, malgré la faible connaissance des Français sur la fiscalité, ces derniers lui donnent une importance croissante dans le choix de leurs placements. Selon l’enquête BPCE-Kantar, 37% des sondés souhaitent privilégier « des placements offrant des avantages fiscaux », contre 28% en 2014. Cette année, les épargnants sont également plus nombreux à envisager d’immobiliser leur argent afin d’obtenir une meilleure rémunération : 47% en 2018, après 36% en 2014.

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En revanche, malgré l’environnement de taux bas persistant, la prise de risque ne fait toujours pas partie de la stratégie des Français. 17% envisagent d’intégrer à leurs portefeuilles des « placements offrant des perspectives de plus-values intéressantes, quitte à accepter une part de risque ». Ils étaient 18% il y a 4 ans.

Le Livret A et l’assurance-vie confortés

La mise en place de la flat tax n'a pas changé le comportement des Français. Au contraire, sa méconnaissance, couplée à la traditionnelle aversion au risque des Français, vont accroître l'engouement des épargnants pour les livrets. Selon les estimations de l'observatoire économique de BPCE, les livrets (bancaires et défiscalisés) devraient attirer plus de 20 milliards d’euros en 2018, soit une hausse de 17,5% de la collecte nette par rapport à 2017. A lui seul, le Livret A représenterait 60% de celle-ci.

L’assurance-vie va également faire le plein, selon les économistes du groupe bancaire. Ses supports devraient attirer plus de 18 milliards d’euros, soit 2,5 fois plus que l’année dernière. Mais, alors que l’année 2017 a été marquée par la montée en puissance des unités de compte dans les contrats, la banque estime qu’en 2018 le basculement de l’épargne des fonds euros vers les supports à capital non garanti devrait ralentir.

(1) Enquête BPCE-Kantar sur les arbitrages financiers des ménages. 1 774 personnes détenant un patrimoine financier supérieur à 7 500 euros ont été interrogées en avril-mai 2018.