Sous le « choc », près de 150 personnes ont manifesté mercredi devant le siège du Crédit Foncier, qui va être absorbé par sa maison mère, criant leur « colère » face aux suppressions d'emploi et à la « mise à mort » d'un « modèle social » de financement immobilier.

Le personnel était appelé à faire grève et à se rassembler devant le siège à Charenton-le-Pont (Val-de-Marne) pour dénoncer « le démantèlement de l'accession sociale à la propriété », selon l'intersyndicale CFDT, CFE-CGC, CFTC, FO, SU-Unsa. Les manifestants, principalement des femmes, portaient pour la plupart des habits noirs affublés d'un autocollant « Mis à mort » portant le logo de la banque fondée en 1852, a constaté un journaliste de l'AFP.

« La fin de l'accession à la propriété pour la clientèle sociale »

Certains ont rédigé des messages, accrochés symboliquement à l'aide d'une clé, sur lesquels on pouvait lire : « Pour moi le Crédit Foncier représente l'expertise et le partage » ; sans lui, c'est « la fin de l'accession à la propriété pour la clientèle sociale ».

Le Crédit Foncier (2 400 personnes) va être absorbé par sa maison mère, le groupe mutualiste BPCE qui réunit les Banques populaires et Caisses d'épargne, et une partie du personnel reclassé en interne. Mais être chargé de clientèle au Crédit Foncier ou à la Caisse d'Épargne, « ce n'est pas le même métier », s'est alarmée Stéphanie Dittner de la CFTC. La disparition de l'entreprise est « le pire des scénarios » possibles, il fallait « marquer le coup ». Côté BPCE, on assure que « le scénario le plus dur » n'a pas été retenu car le projet prévoit « l'intégration de toutes les activités au sein du groupe ». Ceux dont le poste est supprimé s'en verront proposer un « de même nature, à classification équivalente et dans le même bassin d'emploi », a dit un porte-parole à l'AFP.

« Un gros choc, une sorte de trahison »

Présents au rassemblement, des salariés chargés de gérer les encours des crédits existants, dont le poste est maintenu jusqu'à leur extinction, ont exprimé leur inquiétude. Il n'y a « aucune garantie » qu'un reclassement soit proposé « dans 2, [ou] 5 ans », s'est agacée une employée de Charenton. Tout le personnel doit être « logé à la même enseigne », avec « soit des compensations financières, soit des propositions réellement en adéquation avec notre métier et notre situation personnelle », a-t-elle dit. A ses côtés, une collègue s'est dite « en colère », ayant « l'impression d'avoir fait beaucoup d'efforts » pour rien. Elle a jugé « dommage qu'un modèle social aussi important puisse disparaître ».

Une employée en Normandie, jointe au téléphone par l'AFP, a dénoncé « un gâchis », « un gros choc, une sorte de trahison ». Elle juge les conditions de reclassement trop « restrictives » et difficilement réalisables. Au sein de BPCE, « ils ferment aussi des agences, c'est pas tout rose chez eux », a-t-elle ajouté. Les élus du comité d'entreprise vont essayer de « suspendre » la procédure liée au plan social via une action en justice devant le tribunal de Créteil, a indiqué Cathy Mellet-Gueguen, porte-parole de l'intersyndicale. Selon elle, le mouvement de grève a été « largement suivi » en régions, avec « des agences fermées ».