Dans son rapport d’activité, Tracfin dévoile traditionnellement ses « affaires marquantes », sorte de best-off des escroqueries présumées mises en évidence. En 2017, deux malversations en ligne ont notamment retenu l’attention de ses experts.

A chaque année ses nouvelles formes d’escroqueries financières de plus (ou moins) grande envergure. En 2017, Tracfin n’a pas chômé. L’année dernière, l’organe rattaché à Bercy qui lutte contre le blanchiment, la fraude fiscale et le financement du terrorisme a reçu et analysé quelque 71 000 déclarations de soupçon. C’est 10% de plus qu’en 2016 et 57% de plus qu’en 2015, d’après son rapport 2017, dont la version complète a été publiée le 21 juin.

En plus de ces chiffres d’activité, Tracfin y énonce également ses « affaires marquantes ». En 2017, la cellule française fait notamment la part belle à deux malversations en ligne.

Tout ce qui brille n’est pas… diamants

Les faits. Un site internet se présentant comme un courtier en diamants exerçant depuis plus de 15 ans propose d’acheter des pierres. Un placement qu’il décrit comme ayant un rendement exponentiel en raison de leur raréfaction dans les pays producteurs. Et, plutôt que de faire parvenir aux investisseurs les diamants acquis, la société propose de les stocker dans ses propres coffres-forts… Les épargnants ne voient donc jamais les pierres achetées. Pour autant, le prétendu courtier réussit à récupérer plus d’1,5 million d’euros en seulement 6 mois.

L’enquête. C’est d’abord la nature de l’activité de cette société qui a mis la puce à l’oreille à Tracfin. Depuis quelques années en effet, les autorités de contrôle, comme l’Autorité des marchés financiers, mettent régulièrement en garde les épargnants tentés par des placements atypiques… L’AMF rappelant aux particuliers que ces intermédiaires doivent notamment disposer d’un numéro d’enregistrement. Autre indice, le titulaire du compte bancaire qui recevait les fonds les dispatchait ensuite vers des sociétés domiciliées à l’étranger. Enfin, l’administration a relevé des incohérences et des carences dans les déclarations fiscales et sociales de la société.

Epilogue. Ce dossier a été transmis au Parquet de Paris pour escroquerie en bande organisée. 700 000 euros ont pu être récupérés.

Quand le jeu en ligne se transforme en lessiveuse

Les faits. Un groupe de jeunes joueurs sans revenus déclarés alimentent principalement leurs comptes bancaires par des virements en provenance de comptes joueurs détenus sur des sites web de jeux. Montant total des versements : 500 000 euros. Des gains d’autant plus suspects que les étudiants ne sont pas des parieurs actifs. Autre élément troublant, l’argent viré sur ces comptes joueurs ne semble pas venir de comptes bancaires.

L’enquête. Tracfin remarque que les fonds versés sur les comptes joueurs proviennent de codes prépayés, achetés dans des points de vente physiques répartis sur tout le territoire français et à l’étranger. Comment ont-ils pu acheter ces codes et avec quel argent ? Telles sont les zones d’ombre. L’analyse des communications et des données de connexion ont permis à Tracfin de confirmer son hypothèse : les joueurs ne se sont pas procurés eux-mêmes les codes prépayés. Ils étaient en contact avec « des individus défavorablement connus des services de police » pour vol, détention et usage de stupéfiants notamment, explique l’administration.

Epilogue. Ce dossier est en cours d’instruction. Il a été transmis à la justice pour blanchiment d’argent par le biais de sites de jeux en ligne.