Les cotisations aux complémentaires santé ont « explosé » ces dix dernières années, dénonce l'UFC-Que choisir. Dans une enquête publiée mardi, l'association pointe notamment une « dérive des frais de gestion » et une concurrence affaiblie par le manque de « lisibilité des offres ».

Selon cette enquête de l'association de consommateurs, présentée à la presse, les cotisations versées par les assurés sont passées de « 468 euros par personne et par an en moyenne en 2006 à 688 euros en 2017 », soit une inflation de 47%, contre 14% pour l'économie en général. En 2017, elles disposaient de 40,5 milliards d'euros de cotisations. En outre, les complémentaires « vont voir leur rôle se renforcer » ces prochaines années, avec la mise en place du « reste à charge zéro » (remboursement intégral de certaines lunettes, prothèses dentaires et auditives), qui « va se répercuter » sur les tarifs, prévient l'UFC-Que choisir.

Une « grave dérive » des frais de gestion.

Les hausses de la fiscalité ne justifient « que moins du tiers de la progression », assure l'UFC, pointant une « grave dérive » des frais de gestion. Ils ont représenté « 7,2 milliards d'euros » de dépenses en 2016, dont 2,8 milliards en frais d'acquisition de clients (publicité, communication) et ont augmenté de 30% depuis 2010, soit « deux fois plus que celle des prestations remboursées aux assurés » (+15%). Ils s'élèvent pour les contrats individuels à 21,5% de la cotisation, les taux pouvant grimper à 42% pour certains contrats, selon des calculs basés sur l'analyse de documents commerciaux et de 207 avis d'échéance.

En revanche, le taux de redistribution, c'est-à-dire la part des cotisations revenant aux assurés sous forme de prestations, « s'effondre », regrette l'UFC, estimant que « seulement 66% des cotisations en moyenne », et moins de 50% pour certains contrats, reviennent aux assurés individuels, contre 76% pour les contrats collectifs.

L'UFC déplore le manque de concurrence

« Ces dérives » s'expliquent notamment « par l'illisibilité » des garanties santé, qui « empêche largement la comparaison et atténue la concurrence », explique l'UFC. L'association demande donc aux pouvoirs publics « d'encadrer la comparabilité des offres » et de « publier enfin l'arrêté prévu par la loi Hamon de 2014, pour une liste standardisée d'exemples de remboursements en euros » dans les brochures.

Elle souhaite enfin contraindre les complémentaires à publier leur « taux de redistribution » avant toute souscription, par exemple sur internet.