La Banque centrale européenne estime que l'inflation en zone euro remonte suffisamment pour débattre la semaine prochaine de l'abandon de son vaste programme de rachats de dette, baptisé « quantitative easing », a estimé mercredi l'un de ses principaux responsables.

« Le Conseil des gouverneurs devra évaluer si les progrès réalisés jusqu'ici ont été suffisants pour justifier un dénouement progressif de nos achats nets » d'actifs sur le marché, le fameux « QE », a déclaré à Berlin Peter Praet, chef économiste de l'institution. Ces propos, suggérant un resserrement à venir de la politique monétaire en zone euro, ont fait grimper le cours de la monnaie unique mercredi qui s'échangeait, vers 09H00 GMT, à 1,1745 dollar, contre 1,1718 dollar mardi soir. La BCE devra apprécier « la dynamique de l'économie » en zone euro et ses effets « sur les salaires et les prix », a précisé M. Praet.

Près de 2 500 milliards d'euros de dettes achetées depuis 2015

La BCE a acheté depuis mars 2015 pour plus de 2.400 milliards d'euros d'obligations sur le marché, afin de soutenir la croissance et les prix, et continue de le faire au rythme de 30 milliards d'euros par mois et ce au moins jusqu'à septembre prochain. Mario Draghi, président d e la BCE, a toujours affirmé que le QE ne s'arrêterait pas abruptement et que son arrêt dépendrait de l'atteinte d'un taux d'inflation convergeant vers la valeur cible de 2%, et ce sans la béquille financière apportée par le QE.

Avec un score d'1,9% en zone euro au mois de mai, l'inflation s'est rapprochée de l'objectif « proche de 2% » après lequel court la BCE depuis plusieurs années. En excluant la hausse des prix de l'énergie, l'inflation dite sous-jacente a aussi augmenté, mais en restant limitée à 1,1%. « Les signaux montrant la convergence de l'inflation vers notre objectif s'améliorent », a estimé M. Praet, dernier responsable de la BCE à s'exprimer avant la « période de silence » qui précède traditionnellement une réunion de politique monétaire. La prochaine aura lieu à Riga le jeudi 14 juin.

M. Praet « a envoyé un signal clair montrant que la BCE vise toujours, en dépit des turbulences en Italie, une fin du QE d'ici la fin de l'année », a commenté Dirk Schumacher, économiste chez Natixis, joint par l'AFP.