Pas de secousse sur la courbe de taux de crédit immobilier en cette fin de printemps. Les barèmes communiqués aux courtiers sont globalement stables mais les banques assouplissent leurs conditions de financement sur les durées les plus longues.

Légère baisse ou stabilisation ? Cafpi, Vousfinancer ou Le-Partenaire évoquent de légères diminutions, Meilleurtaux ou Empruntis une stabilité d’ensemble. Les courtiers en crédit ne parviennent pas à se mettre d’accord en ce début juin mais peu importe, le constat reste le même : les conditions d’emprunt évoluent toujours aussi favorablement pour les particuliers, qui n’ont aucune raison de précipiter leurs projets d’achat.

L’observatoire Crédit Logement-CSA, qui se base lui sur des dossiers de crédit finalisés, confirme ainsi l’érosion actuelle des taux. Les dossiers financés en mai affichaient en moyenne des taux de 1,25% sur 15 ans, 1,44% sur 20 ans et 1,68% sur 25 ans, en baisse de 0,01 ou 0,02 point sur un mois. Etonnamment, cet observatoire souligne que les baisses les plus franches sont enregistrées sur les « moins bons » depuis le début 2018 : les emprunteurs les moins bien lotis (1) pour les prêts sur 25 ans ont ainsi vu leur taux moyen passer sous la barre des 2%, à 1,96% en mai.

Des taux attractifs pour le plus grand nombre

« Les barèmes perdent de plus en plus de leur pertinence », estime Cécile Roquelaure, directrice de la communication d’Empruntis. « Les banques se battent au cas par cas, selon le profil et le type de projet, mais aussi le niveau de la concurrence locale », explique-t-elle dans un communiqué diffusé ce mardi. Mi-mai, Cécile Roquelaure citait déjà l’exemple d’une « banque qui a supprimé les critères correspondant aux clients premium ou super premium pour offrir les meilleurs taux à un plus grand nombre ». Les banques maintiennent surtout des taux très bas pour compenser la hausse des prix immobiliers, et ainsi pour éviter de rejeter les ménages achetant pour la première fois.

Les écarts de taux entre les bons et moins bons dossiers se resserrent donc, les durées d’emprunt continuent de s’allonger, et les banques accordent des taux plus faibles qu’à l’accoutumée sur les prêts les plus longs. Vousfinancer annonce ainsi, dans une banque et pour une poignée d’emprunteurs, du 1,35% sur des durées de 25 mais aussi sur 30 ans. « Pour rappel, début 2015 l’écart entre un prêt sur 25 ans et un prêt sur 30 ans atteignait souvent 1 point (3% sur 25 ans contre 4% sur 30 ans) », développe Vousfinancer dans son communiqué. Malgré tout, le fait d’emprunter sur 30 ans reste synonyme de taux élevés. Empruntis avance ainsi une moyenne de 1,85% sur 25 ans, et de 2,65% sur 30 ans. Sur cette durée inhabituellement longue, Le-Partenaire estime le taux moyen à 2,17%. En règle générale, les courtiers se risquent toutefois peu à livrer des moyennes sur 30 ans. Du fait du peu de dossiers concernés, les chiffres évoqués s'avèrent très variables.

Pas de forte hausse à l’horizon

Les taux immobiliers, qui ont ainsi retrouvé leur niveau du début 2017, vont-ils continuer à s’éroder ou rebondir ? Au regard des incertitudes sur les marchés et sur la scène politique (taux directeurs et obligataires très bas, situation incertaine en Italie, etc.), les prévisions restent très délicates. Les observateurs du marché bancaire et immobilier s’accordent toujours pour annoncer une remontée lente à terme. Reste à savoir à partir de quand. En attendant, à plus court terme, Meilleurtaux maintient sa « prévision de taux bas durant les mois qui viennent ». Peu ou pas de secousse à prévoir sur la courbe des taux cet été, donc.

Voir aussi le baromètre des taux immobiliers de cBanque

(1) Les 25% des emprunteurs pour lesquels les taux sont les plus élevés.