« Avant de s'en prendre aux plus pauvres, qu'on commence par s'en prendre aux plus privilégiés », a lâché jeudi François Hollande en direction d'Emmanuel Macron à propos d'une éventuelle refonte des aides sociales par le gouvernement.

« S'il y a des économies à faire, et il y en a sûrement, c'est davantage en s'en prenant aux cadeaux fiscaux pour les plus privilégiés qu'en s'en prenant aux aides sociales pour les plus pauvres », a mis en garde l'ancien président socialiste lors de l'émission « Questions d'info » LCP-Le Point-AFP. « Il n'y a pas encore de décision », a noté l'ex-chef de l'Etat alors que différentes prises de paroles au sein du gouvernement ont été dissonantes sur ce dossier.

Gérald Darmanin, ministre de l'Action et des comptes publics, avait distingué mardi les aides sociales « légitimes, pour les gens qui sont cassés par la vie », de celles attribuées « entre deux périodes d'inactivité », qui ne seraient « pas incitatives pour sortir de cette période d'inactivité ». « La question n'est pas de savoir s'il y a trop ou pas assez d'aides sociales » mais « de savoir si notre modèle fonctionne, s'il est efficace », avait déclaré le lendemain Edouard Philippe, réfutant toutefois tout désaccord avec son ministre.

Des réserves sur les économies dans la fonction publique

François Hollande a également émis des réserves sur d'éventuelles économies dans la fonction publique : « Sur qui ? Dans la défense nationale ? Qui y songe aujourd'hui, alors qu'il faut plutôt élever les forces de défense ? Sur l'Education nationale ? Qui y pense sérieusement alors que tout l'enjeu des prochaines années, c'est d'élever le niveau de qualification ? »

Le gouvernement a notamment l'intention de baisser de 10% les effectifs des fonctionnaires à l'étranger. « Très honnêtement, ce sont d'abord des sommes dérisoires, et c'est mettre en cause toute la politique de francophonie et de présence de la France à l'étranger », juge l'ex-président. « Cessons à chaque fois de nommer la fonction publique avant de dire exactement de quelles dépenses on voudrait parler », a-t-il exhorté.

L'exécutif, qui doit recevoir dans les prochaines semaines le très attendu rapport du Comité action publique 2022 (CAP22) listant les pistes d'économies possibles dans la sphère publique, s'est engagé à « faire des choix structurants » sur les aides sociales.