La réglementation n'est pas là pour protéger les banques face à l'éventuelle concurrence des géants numériques, a prévenu lundi le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, sur fond de spéculations sur les intentions de groupes comme Amazon.

« Les big techs devront appliquer les règles des banques et des assurances si (elles) se lancent dans les mêmes activités régulées », a déclaré François Villeroy de Galhau à l'occasion du bilan annuel de l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), entité rattachée à la BdF et chargée de surveiller banques et assureurs. Mais, « personne ne doit s'attendre pour autant à ce que régulation, nécessaire, signifie protection des situations existantes », a-t-il enchaîné. « La seule réponse efficace, c'est évidemment l'innovation. »

Les banques traditionnelles sont confrontées ces dernières années à la concurrence de nouveaux acteurs numériques, dits « fintech », et de multiples frictions les opposent sur le terrain réglementaire, par exemple sur l'accès aux comptes des clients. Si ces startups n'ont pour l'heure guère séduit en masse - et sont souvent rachetées par les banques -, les spéculations vont bon train sur l'arrivée dans le secteur de géants numériques comme Amazon : en mars, le journal américain de référence Wall Street Journal a rapporté que le mastodonte du commerce en ligne envisageait de proposer des comptes en banque.

« Le défi va (...) au-delà de la seule réglementation financière », a nuancé François Villeroy de Galhau, qui a par ailleurs salué le système financier français comme « un des plus solides d'Europe » à l'issue de 2017. Il a notamment mis l'accent sur « la protection des données » au moment où vient d'entrer en vigueur un nouveau règlement européen (RGPD) qui revoit en profondeur la façon dont les entreprises traitent le sujet.