Le gouvernement compte généraliser la possibilité de retirer en une fois les sommes rassemblées sur les produits d'épargne retraite, concrétisant une crainte majeure des assureurs, a affirmé vendredi l'association d'épargnants Afer, ce que Bercy n'a pas confirmé.

« Il est acquis que (...) la liberté soit accordée aux épargnants concernant les sorties en capital des différents produits d'épargne retraite », a déclaré Gérard Bekerman, président de l'Association française d'épargne et de retraite, qui revendique 730 000 adhérents et participe aux discussions à Bercy sur le futur projet de loi sur le financement de l'économie, dit Pacte.

Dans le cadre de ce projet, qui comporte de nombreux volets mais dont la date de présentation reste imprécise, le ministère de l'Economie a détaillé fin mars les contours d'une réforme de l'épargne retraite, un type de contrat actuellement délaissé par les Français au profit, surtout, de l'assurance vie. Ces produits permettent au particulier d'accumuler un pécule - les versements étant généralement déductibles des impôts -, qui ne pourra lui être distribué qu'à la fin de sa vie active.

Une « souplesse accrue »

Alors qu'ils prévoient généralement un versement sous forme de rente - un revenu régulier assuré jusqu'au décès de l'épargnant -, Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, s'était prononcé fin mars pour une « souplesse accrue », sans en détailler les modalités.

Selon Gérard Bekerman, c'est bien le principe d'une possibilité inconditionnelle de « sortie en capital », c'est-à-dire de récupérer en une fois l'épargne accumulée, qui est retenu alors que cette éventualité est actuellement très limitée, même si Bercy compte introduire des incitations fiscales en faveur du versement en rentes.

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Contacté, Bercy s'est abstenu de tout commentaire, mais une source proche du ministère souligne qu'une telle mesure irait « dans le sens » des annonces déjà énoncées par Bruno Le Maire.

Une « chasse gardée » des assureurs

Si elle est confirmée par le ministre, qui s'exprimera notamment à une conférence de l'Afer le 3 mai, elle ira à l'encontre des revendications du secteur de l'assurance, dont le système de rentes constitue une chasse gardée.

Parmi les assureurs, qui mettent en avant la stabilité garantie par les rentes en cas d'instabilité des marchés, beaucoup dénoncent un lobbying des gestionnaires d'actifs, qui prendraient pied dans l'épargne retraite à l'aide des réformes envisagées. « Je me félicite de l'altruisme des assureurs (...) mais je pense que les épargnants seront plus heureux s'ils peuvent sortir aussi du capital », a ironisé vendredi Gérard Bekerman, renvoyant au libre choix des particuliers.