Vous sentez que votre situation budgétaire risque de déraper en raison de l'inflation ? Voici comment déterminer si vous avez seulement besoin de revoir votre train de vie ou si vous avez besoin d'être accompagné.

C'est la préoccupation n°1 du moment, devant l'environnement, la santé ou les pénuries d'énergie (1) : près d'un Français sur deux est inquiet pour son pouvoir d'achat. De fait, la forte hausse des prix (5,5%, hors tabac, en moyenne sur les six derniers mois) fragilise un nombre croissant de ménages, comme le montre, entre autres, l'accélération des inscriptions aux fichiers de la Banque de France, FICP et FCC, à la suite d'incidents de paiement.

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Cette montée de stress est d'autant plus forte qu'elle touche une population souvent démunie face à la dégradation de sa situation. « Nous avons un problème d'éducation financière : la France est un pays où l'on craint de parler d'argent », constate Jean-Louis Kiehl, président de la Fédération Crésus, qui accompagne les ménages en difficultés financières.

Résultat : faute de vision claire de notre situation budgétaire, nous avons tendance à trop attendre pour nous faire aider lorsque leur situation se dégrade. Mauvaise idée : « Au moindre doute sur l'équilibre de son budget - dès, par exemple, que les découverts reviennent tous les mois - il ne faut pas hésiter à demander de l'aide », conseille Pauline Dujardin, chargée de mission chez Crésus.

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La clé de tout diagnostic financier

Avant d'en arriver là, il existe un moyen relativement simple de déterminer si vous vivez au-dessus de vos moyens et d'ajuster votre train de vie en conséquence : surveiller votre reste à vivre. C'est même la clé de tout diagnostic financier.

Si vous avez contracté un crédit immobilier, vous connaissez sans doute déjà le concept. Calculer votre reste à vivre fait, en effet, partie des outils utilisés par votre banquier pour évaluer votre capacité à assumer vos futures mensualités. Le reste à vivre, c'est ce qui vous reste chaque mois une fois que vous avez payé vos charges fixes (factures, impôts, transport, mensualités de crédit, etc). En résumé, c'est l'argent disponible pour vous alimenter, vous vêtir, vous divertir ou pour épargner.

Comment calculer votre reste à vivre ?

Il n'existe pas de norme pour le calcul du reste à vivre : dans le cadre d'un octroi de crédit, par exemple, chaque banque peut appliquer sa propre recette. Voici toutefois la méthode de calcul utilisée par la Fédération Crésus dans son activité d'accompagnement des ménages financièrement fragiles.

Le reste à vivre est le résultat de la formule suivante : total des ressources — total des charges fixes — total des crédits

Voici les éléments à considérer dans le calcul :

Ressources : salaires, retraites ; allocations (chômage, RSA...) ; revenus mobiliers ; revenus immobiliers ; pensions et prestations familiales, bourses, aides, etc. ; autres ressources (remboursements, primes...) ; aides familiales.

Charges fixes : loyer / charges ; électricité / eau / chauffage ; télécoms (téléphone / mobile / internet / TV) ; impôts sur le revenu ; taxe d'habitation ; taxe foncière ; assurance habitation ; assurance voiture ; mutuelle ; transport ; scolarité / cantine / garde d'enfant ; pensions alimentaires.

Crédits : crédits immobiliers, assurances crédits ; crédits à la consommation.

Ne sont pas prises en compte, en revanche, les charges non fixes, dont le montant peut varier d'un mois à l'autre : l'alimentation, l'hygiène, l'habillement, l'épargne de précaution, les loisirs, etc.

Pour faciliter le calcul de votre reste à vivre, la Fédération Crésus propose une application web baptisée BGV, pour Budget Grande Vitesse. Elle vous permet de calculer automatiquement votre reste à vivre, grâce à la technologie de la banque ouverte (open banking) et à l'analyse de votre historique bancaire, dans le respect de la réglementation sur les données personnelles. BGV vous permet également de définir le montant des enveloppes à consacrer à l'alimentation, aux loisirs ou à l'épargne, et de simuler vos droits d'accès aux aides sociales.

Les seuils d'alerte à connaître pour prévenir les dérapages

Connaître son reste à vivre est une chose. Savoir l'interpréter en est une autre. Pour cela, il faut commencer par calculer votre reste à vivre par unité de consommation (UC).

En se basant sur sa base de données d'environ 40 000 budgets complets, Crésus a calculé des seuils moyens d'entrée dans le pré-, le mal- ou le surendettement, en utilisant comme référence ce reste à vivre par UC. Evidemment, la situation de chaque ménage est spécifique. Mais le passage de ces seuils statistiques doit vous servir d'alerte, et de déclencheur pour se faire accompagner.

Dans un foyer, le premier adulte compte pour 1 unité de consommation, les autres personnes de 14 ans et plus pour 0,5, et les moins de 14 ans pour 0,3. Ainsi, un couple avec deux enfants de moins de 14 ans représente 2,1 unités de consommation (UC). Il ne vous reste plus ensuite qu'à diviser votre reste à vivre par ce nombre d'UC.

En dessous de 600 euros par UC, vous entrez dans le pré-endettement

Pas de panique toutefois : la situation peut encore être rétablie, en modifiant vos habitudes de consommation et en mettant en place des budgets par poste.

En dessous de 400 euros par UC, vous entrez dans le mal-endettement.

Il devient alors urgent de solliciter un accompagnement : contactez un des 500 Points Conseil Budget présents sur le territoire. Il s'agit de structures d'accueil gratuites, labellisées par l'Etat pour accompagner les personnes en difficultés financières.

Si vous subissez déjà des découverts récurrents et/ou que vous avez des difficultés à régler vos mensualités de prêts, prenez aussi contact avec votre banque ou votre organisme de crédit. Ces derniers ont des obligations en matière d'accompagnement des clients financièrement fragilisés. Ils pourront notamment vous proposer des solutions pour rééchelonner votre dette.

En dessous de 100 euros par UC, vous êtes en situation de surendettement.

Etre accompagné devient crucial, notamment pour le dépôt d'un dossier de surendettement auprès de la Banque de France. Celui-ci vous permettra de bénéficier de mesures de redressement, en lien avec vos créanciers.

(1) Source : Sondage JDD publié le 3 septembre