Les intentions du gouvernement sur l'épargne retraite, notamment la possibilité de retirer son argent en une fois, risquent de dénaturer ces placements, a jugé vendredi le directeur général de l'assureur AG2R La Mondiale, en écho à la grogne répandue dans le secteur.

« Ce qui me stupéfie dans l'actualité, c'est de vouloir qualifier un produit d'épargne de produit de retraite », a déclaré André Renaudin, lors de la présentation annuelle des résultats d'AG2R La Mondiale, marqués par une nette hausse du bénéfice net à plus de 350 millions d'euros.

Le ministère de l'Economie a présenté fin mars les contours d'une réforme de l'épargne retraite, un type de contrat actuellement très délaissé par les Français au profit par exemple de l'assurance-vie. Ces produits permettent au particulier d'accumuler un pécule - les versements étant généralement déductibles des impôts -, qui ne pourra lui être distribué qu'à la fin de sa vie active, afin de compléter la pension versée par le système de retraite par répartition.

Sortie en rente ou en capital ?

En plus de simplifier les supports, pour l'heure nombreux, de l'épargne retraite et de les orienter vers des placements potentiellement plus rémunérateurs mais moins sûrs, Bercy compte en élargir les possibilités de retrait. Alors que ces produits prévoient normalement un versement sous forme de rente - un revenu régulier assuré jusqu'au décès de l'épargnant -, le ministère envisage que le particulier puisse faire le choix d'une « sortie en capital », c'est-à-dire de récupérer en une fois l'épargne accumulée.

« La retraite, c'est un complément de revenus, c'est autre chose ! », a grogné André Renaudin, agitant le spectre d'un épuisement du capital retiré face à l'allongement de l'espérance de vie. « Est-ce qu'on veut que les retraités aient de l'épargne ou est-ce qu'on veut qu'ils aient des revenus ? »

Grogne généralisée chez les assureurs

Les propos d'André Renaudin font écho à une grogne généralisée dans le secteur de l'assurance, dont le système de rente est une chasse gardée en matière de compétences. Plusieurs acteurs lisent les intentions du gouvernement comme le résultat d'un lobbying efficace d'autres catégories d'acteurs. « Il y a de grands acteurs de la gestion d'épargne qui sont plus influents... », a glissé André Renaudin.

Sur un autre sujet lié à son groupe, il a rapporté que le projet de rapprochement avec l'assureur Matmut était en bonne voie, maintenant l'objectif d'un groupe unifié début 2019.