Si vous épluchez les palmarès de l’assurance-vie avant de faire votre choix, alors vous constaterez la présence en nombre des contrats associatifs aux premières places. L’occasion de découvrir, ou redécouvrir, ces acteurs historiques de l’assurance-vie.

Fonds immobiliers et dynamiques mis à part, seuls cinq fonds en euros ont atteint ou dépassé le cap des 2,50% en 2017. Dans ce top 5 des performances 2017, trois contrats associatifs : Gaipare à la 2e place avec du 2,65%, Asac-Allianz à la 3e (2,58%) et Asac-Generali ex-aequo à la 4e place (2,50%). Un trio suivi de près par le fonds Afer (9e) et ses 2,40%.

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Retrouver ces contrats en tête du palmarès n’est pas une surprise. Ils figuraient déjà en haut de classement en 2016 et ont déjà prouvé la régularité de leurs performances. Toutefois, le recul récent de quelques fonds euros web et patrimoniaux permet de pointer une nouvelle fois leur régularité, et les remet sur le devant de la scène.

De multiples associations pour quelques contrats emblématiques

Que valent donc les contrats de ces associations créées dans les années 70-80, dont l'âge d’or semblait révolu ? Tout d’abord, il faut resserrer le champ des associations concernées comme le souligne Jean-François Filliatre, fondateur du site Marchés Gagnants et ex-directeur de la rédaction de MVVA : « Il y a bien plus d’associations qu’on ne le croit. L’Andecam [association des déposants du Crédit Agricole, NDLR] ou l’Anpere [Axa], par exemple, représentent des millions d’adhérents mais elles sont très peu connues, car elles n’ont pas cherché à être mises en avant. »

« Il y a bien plus d’associations qu’on ne le croit »

Ces discrètes structures peuvent aisément être distinguées des plus emblématiques Afer, Agipi, Asac ou Gaipare, et ce même si les différences entre ces dernières sont parfois criantes. Exemple, l’assureur Allianz gère les contrats souscrits par plusieurs associations : Ancre, Asac ou Gaipare. A ce jour, tout particulier souscrivant une assurance-vie via un agent général Allianz va devoir adhérer à l’Ancre. Dans ces conditions, difficile de juger l’Ancre de la même manière que Gaipare et Asac.

Un même rendement pour tous les adhérents

Dans cet ensemble lui-même hétéroclite des associations « connues », quelques atouts communs peuvent être signalés. Premier d’entre eux : le fonds en euros cantonné. Les grandes compagnies d’assurance et groupes bancaires gèrent le plus souvent tous leurs fonds en euros dans un même pot commun, l’actif général : « Certains assureurs jouent sur les rendements des anciens contrats, sur lesquels les taux servis sont anormalement bas, pour favoriser les nouveaux contrats », souligne Jean Berthon, président de Gaipare et ex-président de la Faider, fédération d’associations. « Dans une association, tout le monde est logé à la même enseigne. » Les anciens comme les nouveaux souscripteurs. Car le fonds euros est cantonné : il est exclusivement rattaché à un contrat ou à une association et ne peut ainsi pas être intégré au fameux pot commun.

« Il ne s’agit pas de lutter contre les courtiers web »

« Il y a des atouts et des dérives », nuance Jean-François Filliatre, par ailleurs cofondateur, à titre personnel, du collectif ''Dans l’intérêt des adhérents'', au sein de l’Afer : « De mon point de vue, le vrai sujet sur la rémunération de l’assurance-vie, c’est la distribution de la PPB [provision pour participation aux bénéfices, censée lisser les rendements sur plusieurs années, NDLR]. Les assureurs veulent mettre en réserve et les épargnants, eux, veulent leur argent. Sur ce point, on peut noter que certaines associations emblématiques plaident la cause des adhérents. » Les associations et leurs assureurs pratiquent cette mise en réserve mais, semble-t-il, dans des proportions limitées, ce qui permet de ne pas trop rogner les rémunérations servies.

Une assurance-vie avec frais de versement

« Auparavant, l’évidence pour la protection de l’épargnant, c’était l’association », ajoute Jean-François Filliatre. « Aujourd’hui, les meilleures conditions de souscription, les épargnants les obtiennent auprès des courtiers en ligne avec des contrats individuels. » L’assurance-vie en ligne ayant, à la différence des contrats associatifs, l’avantage non négligeable de l’absence de frais d’entrée et de versement. Une limite que ne nie pas Jean Berthon, de Gaipare : « Les frais d’entrée maximum sont élevés mais ils sont négociables, auprès du courtier distributeur », avance-t-il, en rappelant qu’il n’est pas vendeur de contrats, rôle dévolu aux courtiers conseillers en gestion de patrimoine : « Nous cherchons avant tout à défendre les intérêts de nos adhérents. Il ne s’agit donc pas de lutter contre les courtiers web. Je dirais que chaque type d’acteur a sa place sur le marché. »

Droit de vote sur les dispositions essentielles du contrat

La base du modèle associatif, c’est de permettre aux adhérents d’avoir la main sur les modifications du contrat. Un droit renforcé par la loi Sapin 2 : toute évolution concernant les « dispositions essentielles » de l’assurance-vie doit être votée en assemblée générale. « Il faut faire la différence entre un contrat groupe [ou contrat collectif, NDLR] et un contrat associatif », appuie Jean Berthon. « Le contrat groupe est souvent souscrit par la banque, auprès de l’assureur, au nom de ses clients : les évolutions sont décidées entre la banque et l’assureur, et ils se contentent d’en informer les adhérents. »

Exemple récent : fin 2016, Generali a décidé d’augmenter les frais de gestion de tous ses fonds euros web. Une évolution touchant les détenteurs des contrats concernés à des degrés divers : les frais ont augmenté pour tous les épargnants chez Boursorama car il s’agissait d’un contrat collectif, et seulement pour les nouveaux chez ING Direct où il s’agissait de contrats individuels. Une affaire mettant en valeur « l’intérêt des contrats individuels pour préserver les conditions acquises à la signature d’un contrat » selon Jean-François Filliatre. En l’occurrence, les frais de gestion faisant règlementairement partie des « dispositions essentielles » d’un contrat, tout assureur souhaitant augmenter les frais sur un contrat associatif devra passer par un vote de l’assemblée.

Des associations réellement indépendantes ?

Reste alors à savoir si les résolutions votées en AG sont établies de manière totalement indépendante vis-à-vis des assureurs. C’est « LE » débat éternel concernant ces structures associatives ! Et il reste extrêmement vif entre ces associations. Ainsi, si la loi Sapin 2 les englobe dans un seul et même ensemble, l’Afer juge qu’elle ne figure pas dans la même catégorie que les autres associations, s’estimant seule structure véritablement indépendante, raison pour laquelle l’Afer a décliné notre demande d’interview. Difficile de nier l’existence d’une opposition au sein de l’Afer. Et cette emblématique association, revendiquant plus de 730 000 adhérents, souligne son poids dans les tractations avec le gouvernement pour défendre les intérêts des épargnants. Les détracteurs de l’Afer répondront toutefois que l’influence d’Aviva, assureur du contrat éponyme, reste trop importante.

« Dans le milieu associatif, on s’autoproclame indépendant ! »

En nombre d’adhérents, l’Agipi talonne l’Afer, mais les liens entre l’association et son assureur partenaire (Axa) apparaissent bien plus étroits. Le président de l’Agipi, François Pierson, est ainsi un ancien cadre dirigeant d’Axa. Quid de la plus modeste (55 000 adhérents) Gaipare, partenaire historique d’Allianz ? « L’association Gaipare est propriétaire de sa marque », coupe Jean Berthon. « Au sein de notre conseil d’administration, à une exception près, nous n’avons aucun membre ou ex-membre de la société Allianz. » Asac-Fapès (100 000 adhérents) occupe elle une place singulière car elle fait travailler plusieurs assureurs, les principaux étant Generali et Allianz, et dispose de sa propre structure de distribution (Fapès Diffusion).

« Il faudrait un label, qui n’existe pas »

« Dans le milieu associatif, on s’autoproclame indépendant ! Mais, pour savoir quelles associations sont véritablement indépendantes vis-à-vis de leur assureur, il faudrait un label, qui n’existe pas », regrette Jean-François Filliatre. « Toutes les grandes associations essaient, à des degrés divers, de faire des efforts et de protéger leurs adhérents. Cependant, au niveau de l’indépendance, il faut déterminer qui vote au sein de l’association. Les distributeurs, courtiers, agents généraux ou réseaux salariés peuvent avoir une influence sur les souscripteurs. Si le réseau de distribution est contrôlé par l’assureur, alors cela pose question sur la gouvernance de l’association. »

Au delà du débat sans fin de l’indépendance de ces associations, leurs contrats ont-ils des atouts suffisants dans un marché si concurrentiel ? A condition de pouvoir négocier les frais de versement, ces contrats conservent des qualités non négligeables leur permettant a minima de se distinguer des assurances-vie distribuées par les grands réseaux physiques de banque et d’assurance : frais limitées malgré l’existence de frais d’entrée, rémunération élevée et régulière sur le fonds en euros, sélection qualitative de supports en unités de compte, droit de vote sur les modifications notables du contrat…

Voir par ailleurs le comparatif d’une sélection d’assurances-vie