En quête de rentabilité et pour coller davantage à l'usage de ses clients, Anytime a revu fin mars sa tarification. Grâce à son offre liée comprenant un compte particulier et un compte professionnel, la fintech entend attirer à elle les freelances, les professions libérales et autres indépendants. Au détriment des particuliers.

Anytime continue sa mutation en néobanque pour les professionnels. Initié fin 2016 - la fintech confiait alors à cBanque vouloir cibler davantage les entrepreneurs - ce choix stratégique se manifeste désormais clairement dans sa tarification, au détriment des comptes individuels particuliers.

Jusqu'au 23 mars dernier en effet, les comptes Anytime pour les particuliers étaient très flexibles. Il était possible d'opter pour un compte individuel avec une seule carte bancaire MasterCard à 2,25 euros par mois, soit 27 euros par an. Les usagers pouvaient aussi rattacher d'autres cartes à leur compte, par exemple pour leurs enfants, moyennant 20 euros par an supplémentaire par carte. Ainsi, un compte avec deux et trois cartes revenaient à 3,91 euros et 5,58 euros par mois.

Constatant que cet usage familial était répandu - « Nos utilisateurs sont des familles et/ou des professionnels. La majorité utilise donc plusieurs cartes, deux ou trois en moyenne », explique Damien Dupouy, fondateur et CEO d’Anytime - la fintech a revu son offre et commercialise désormais d'office un compte avec trois moyens de paiement. Une évolution qui n'est pas sans conséquence sur le prix du compte particulier. Depuis fin mars, le compte de base est en effet passé à 9,50 euros par mois, en cas d'engagement sur un an, ou 14,50 euros par mois sans engagement. Il comprend deux cartes et un bracelet ou un porte-clé MasterCard. Les mandats de prélèvements et les retraits font toujours l’objet d’une tarification supplémentaire, à l’acte.

Cette augmentation de prix s'explique également par l'ajout d'un compte professionnel « offert » pour la souscription d'un compte particulier, et inversement, d'un compte particulier « offert » pour l'achat d'un compte pro. « Alors que les néobanques segmentent en général leurs offres en deux catégories (d’un côté les particuliers, de l’autre les professionnels), chez nous, lorsque vous ouvrez un compte, vous bénéficiez des deux », précise Damien Dupouy.

Une offre taillée pour les freelances

Résultat, pour 9,50 euros par mois, les indépendants, freelances, SASU et autres EURL, qui choisissent la facturation annuelle, bénéficient d’un compte avec IBAN, d’une carte MasterCard professionnelle, de 200 cartes virtuelles générées et nouveauté, d’un compte particulier avec 3 moyens de paiement. Même évolution pour l’offre Premium s’adressant aux structures plus importantes (SARL, SCI, SAS et SA). Pour 19,50 euros par mois, ses détenteurs ont désormais un compte particulier en sus de leur compte pro et de leurs deux cartes professionnelles.

« Cette nouvelle grille se veut donc plus avantageuse pour nos clients », estime Damien Dupouy. Selon le fondateur de la fintech, cette offre couplée répond aux évolutions actuelles de la société. « A l’horizon 2020, 50% de la population pourrait occuper un poste de freelance, ou assimilé », explique-t-il. « On s’en aperçoit lorsque l’on discute avec nos partenaires : il y a une forte appétence pour l’auto-entreprise ». Résultat, de plus en plus d’individus seront amenés à gérer deux comptes : l’un pour leur activité professionnelle, l’autre pour leurs dépenses personnelles.

Voir en détail : le compte Anytime

Les micro-entreprises : un marché disputé

Anytime n'est pas la seule à s'intéresser aux entrepreneurs, aux freelances et aux petites sociétés. Plusieurs néobanques spécialisées dans le compte bancaire pour les professionnels se sont lancées. C'est le cas de Shine mais surtout de Qonto, qui facture entre 9 et 29 euros par mois ses comptes pour les entrepreneurs et les petites sociétés. A noter que si les tarifs facturés par Qonto et Anytime sont proches, la seconde est la seule néobanque à permettre l’encaissement de chèques.

Les néobanques pour les particuliers s'ouvrent aussi aux entrepreneurs. A l'image de l'allemande N26 et de son offre Business gratuite mais limitée (pas de virement en devises étrangères par exemple) ou de la fintech britannique Revolut.

Enfin, deux banques en lignes, Boursorama Banque et Monabanq, commercialisent elles aussi des comptes avec carte pour les professionnels. Quasi un « copier-coller » de leurs comptes particuliers, ces offres sont facturées à partir de 9 et 8 euros par mois respectivement. De plus, tous les types d'entreprises ne peuvent pas y prétendre. Boursorama Pro est accessible aux professionnels, auto-entrepreneurs et TPE. L’offre de Monabanq est, elle, réservée aux seuls auto-entrepreneurs.

Dans ces conditions, Anytime peut-elle réussir à s'imposer comme la banque des micro-entreprises ? Affaire à suivre...