Créer une nouvelle banque de dépôt au service des PME : tel est l'objectif de Margo Bank. Se situant entre la néobanque et la banque traditionnelle, ce nouvel acteur a déjà su convaincre des investisseurs de renom, dont Xavier Niel (Iliad) et Marie Ekeland (Daphni), qui lui ont apporté 6,4 millions d'euros pour son lancement. Qu'en sera-t-il des professionnels ? Eléments de réponse avec son co-fondateur, Jean-Daniel Guyot.

Jean-Daniel Guyot, à qui va s’adresser Margo Bank ?

Jean-Daniel Guyot : « Nous visons des entreprises qui réalisent entre 1 et 20 millions d'euros de chiffre d’affaires par an. La plupart des banques traditionnelles se concentrant, pour des raisons historiques et de coûts principalement, sur des entreprises plus importantes, nous estimons qu’il y a une place à prendre sur ce segment-là. »

N’allez-vous pas entrer en concurrence avec des fintechs déjà présentes sur le marché des professionnels comme Qonto, Shine ou Manager One ?

« Ces sociétés ne peuvent pas se contenter d’un service purement online »

J-D.G. : « Pas vraiment, ces acteurs s’adressent plutôt aux créateurs d’entreprises, aux freelances et plus généralement aux très petites structures. Ils répondent au besoin d’accéder le plus rapidement possible à des services bancaires simples mais efficaces et modernes. Margo Bank s’adresse, elle, à des sociétés plus importantes qui commencent à faire face à des problématiques bancaires plus compliquées comme l’accès au crédit, une comptabilité qui se complexifie ou encore le rachat d’une entreprise. Ces sociétés ne peuvent pas se contenter d’un service purement online. Elles ont besoin d’un interlocuteur bancaire qui réponde à leurs interrogations, les accompagne et leur permette d’avancer. »

Le conseiller bancaire est donc le pivot de votre offre ?

J-D.G. : « Notre business se base en effet sur les chargés d’affaires, qui sont de vrais banquiers, et pas uniquement sur une interface numérique. Munis d’outils mobiles performants, ils pourront se déplacer à la rencontre des professionnels. Nous fournirons bien sûr également des interfaces web et mobile à nos clients pour gérer leur compte au quotidien. »

Combien de chargés d’affaires comptez-vous recruter ? Pourront-ils se déplacer dans toute la France ?

« La région parisienne puis la France »

J-D.G. : « Nous allons commencer par constituer une équipe de 5 ou 6 personnes basée en région parisienne. Elle sera capable de rayonner sur une partie de l’Ile-de-France, mais pas sur toute la France. Puis progressivement, nous nous étendrons à l’ensemble de la métropole. »

Vous vous adressez aux entreprises déjà bancarisées. Comment allez-vous faire pour « piquer » ces clients aux banques traditionnelles ?

J-D.G. : « Nos clients seront même multibancarisés ! C’est certain qu’ils ne remplaceront pas du jour au lendemain leur banque par Margo Bank. Mais, petit à petit, nous pensons parvenir à les convaincre de la qualité de nos services. Nous entendons leur apporter un chargé d’affaires expert et réactif associé à une offre simple mais efficace : un compte, des services de paiement, du dépôt à terme et du crédit à moyen et long terme, un découvert. »

Quel sera votre modèle économique ?

J-D.G. : « Nous ne communiquons pas encore sur le prix de notre offre. Mais notre business model sera celui d’une banque ''classique''. Nous gagnerons de l’argent avec les intérêts perçus sur les crédits et les commissions que nous facturerons. »

Vous proposerez du crédit dès votre lancement ?

« Nous proposerons du crédit dès notre lancement »

J-D.G. : « Le crédit fera en effet partie de notre offre de base. Pour l’instant, nous avons réalisé une première levée de fonds pour créer l'informatique de la banque et obtenir une licence bancaire. Ensuite, une deuxième étape consistera à accroître nos fonds propres afin de démarrer le crédit. »

Dans le communiqué de presse annonçant votre levée de fonds, vous insistez beaucoup sur la nécessité de créer votre propre système informatique. En quoi est-ce si important ?

J-D.G. : « Nous avons regardé tous les progiciels et logiciels du marché. Mais, compte tenu de nos besoins en termes de relation client, ils ne répondaient pas à nos attentes. De plus, si nous déléguons notre cœur informatique bancaire (l’ensemble des logiciels permettant la réalisation des opérations bancaires, ndlr) alors je sais qu’en tant que petite banque, nos bugs ne seront pas résolus en priorité. Créer notre propre outil nous permettra donc aussi d’être plus réactif. »

Vous avez fait une demande d’agrément d’établissement de crédit auprès de l’ACPR. Que ferez-vous si celle-ci est refusée ? Envisagez-vous de vous adresser à un autre régulateur européen ?

J-D.G. : « Ce n’est pas notre stratégie. Notre équipe est basée en France. Nous n’avons a priori pas d’intérêt à passer par un autre régulateur, les règles étant les mêmes pour tout le monde. Par contre, une fois l’agrément obtenu, nous le “passeporterons” afin de proposer nos services en Europe. »

Les règles sont les mêmes à une nuance près, certains pays, comme l’Estonie, offrent un cadre réglementaire plus restreint...

J-D.G. : « Oui, c’est vrai. Nous avons beaucoup réfléchi à cela. Mais nous n’y voyons pas trop d’intérêt. C’est peut-être un tout petit peu plus complexe d’obtenir dès le départ une licence bancaire complète. Mais se lancer avec un agrément d’établissement de crédit sera un gage de sérieux et rassurera nos clients. »

Fiche d'identité : Memo Bank (ex Margo Bank)
ActivitéBanque pour les entreprises
Site webmemo.bank
Date de créationAvril 2017
Date de lancement2019 (Margo Bank)
Clientèle viséePME
Marché viséFrance et Europe
AgrémentÉtablissement de crédit
Capital13 073 977,27 €
Chiffre d'affaires-
Nombre de clients300 (en 2022)
Effectif actuel< 20