Le patron de la Confédération nationale du Crédit Mutuel (CNCM) a estimé samedi que la procédure de divorce engagée par son affilié Arkéa n'avait « pas de sens », niant toute volonté de « centralisation » au sein du groupe mutualiste.

« C'est un conflit qui n'a pas de sens. Qui n'a pas de sens d'abord parce que la centralisation qui est affichée comme un chiffon rouge n'a aucune réalité », a déclaré Nicolas Théry sur France Inter, assurant n'« être en guerre avec personne ». « Moi je crois à l'unité », a poursuivi le responsable du groupe mutualiste, se disant « inquiet » d'une éventuelle indépendance. « Le Crédit mutuel, c'est un cocktail entre dynamisme local et solidarité nationale. C'est ce qui fait notre force », a-t-il jugé.

Une consultation des caisses locales

Le Crédit Mutuel Arkéa, qui rassemble les fédérations du Crédit Mutuel de Bretagne, du Sud-Ouest et du Massif central, a engagé en début d'année une procédure pour sortir de l'ensemble mutualiste, point culminant d'années de conflit ouvert sur plusieurs fronts. Les caisses locales d'Arkéa vont être consultées à partir de la semaine prochaine sur ce projet de sécession. La Confédération a mis en garde contre ce vote, estimant qu'il devait « se dérouler de façon démocratique et éclairée, fidèle aux valeurs mutualistes et à l'éthique démocratique ».

Interrogé sur l'attitude qu'adopterait le groupe en cas de résultat favorable à la sécession, Nicolas Théry a dit ne pas être « dans la politique fiction ». « Ce qui compte pour moi, c'est qu'on ait un Crédit mutuel vivant, proche des gens », s'est-il contenté de répondre.

La Crédit Mutuel Arkéa, l'une des six branches du groupe mutualiste basée au Relecq-Kerhuon près de Brest, accuse la CNCM de vouloir porter atteinte à son autonomie et de favoriser son grand rival au sein du Crédit mutuel : le CM11, qui rassemble 11 fédérations et exploite notamment le CIC. Des accusations que le CNCM a dit samedi contester « formellement », assurant formuler « les mêmes exigences » et fournir « les mêmes services à tous ses affiliés ».

Pour Arkéa, sortir de l'ensemble mutualiste impliquerait de renoncer à l'usage de la marque « Crédit Mutuel » – une décision confirmée par la justice au terme d'un bras de fer. « Une marque, aussi belle soit-elle, ne vaut pas la liberté d'entreprendre d'un groupe de 10.000 personnes », a toutefois estimé début mars le président d'Arkéa, Jean-Pierre Denis. Une manifestation de salariés de la banque favorables à l'indépendance est prévue le 5 avril à Paris.