L'assureur mutualiste Groupama a annoncé vendredi une chute de son bénéfice net en 2017, plombé par différentes décisions de l'Etat dont la surtaxe exceptionnelle sur les grands groupes, mais une progression de ses revenus et des activités plus rentables.

L'an dernier, le bénéfice net de Groupama a baissé de 10%, où de 30 millions d'euros, à 292 millions d'euros, alors que son chiffre d'affaires a progressé de près de 2% à 13,8 milliards. Le bénéfice net a souffert de près de 200 millions d'euros de « charges exceptionnelles liées aux changements réglementaires en France », explique dans un communiqué l'assureur, qui a aussi passé une dépréciation liée à une filiale turque.

Groupama a surtout été plombé par une décision du gouvernement dans le cadre du budget 2018 : l'exécutif a décidé de ne plus mettre la main à la poche pour compléter le versement de certaines rentes, héritage de mesures prises peu après la Libération.

Groupama pâtit aussi de la surtaxe exceptionnelle sur les grands groupes décidée dans l'urgence fin 2017 par le gouvernement pour compenser l'annulation de la taxe sur les dividendes. Cette mesure défavorise banques et assureurs mutualistes, puisqu'ils ne paient pas de dividendes mais dégagent des chiffres d'affaires élevés.

Les sinistres graves pèsent moins

Reste qu'au niveau de l'activité, le groupe a nettement redressé la barre : son bénéfice opérationnel, qui avait souffert en 2016 de sinistres élevés, a presque doublé cette année. Son « ratio combiné », qui mesure le rapport entre primes encaissées et sinistres remboursés en dehors du cadre particulier de l'assurance vie, est repassé sous la barre des 100%: cet indicateur signifie que les sommes perçues dépassent celles versées.

Le groupe évoque « une moindre charge des sinistres graves, en France comme à l'international » et, tout en soulignant le poids des ouragans Irma et Maria aux Antilles, il souligne qu'il l'a très largement compensé grâce à ses propres programmes de réassurance, c'est-à-dire l'assurance des assureurs.

Quant à l'assurance vie, elle a contribué à une nette amélioration de la rentabilité de la branche d'assurance de personnes. Comme le reste du secteur, le groupe continue à accroître la part des placements en « unités de compte »: ils sont plus risqués mais potentiellement plus rentables pour le client, tout en nécessitant moins de capital de la part de l'assureur.

Consolidation en vue

Au niveau de ses perspectives, Groupama a pris garde de ne rien exclure en matière de rapprochements, au moment où le secteur est marqué par de multiples mariages : AG2R et La Mondiale d'un côté, Matmut et Aesio de l'autre. « Jouer un rôle dans le mouvement de consolidation ? Certainement », a prévenu Jean-Yves Dagès, président de Groupama. Le groupe est entré dans « une phase de croissance qui sera interne... Externe... Nous y réfléchissons », a-t-il conclu.