Didier Valet, directeur général délégué de la banque française Société Générale, a démissionné, « soucieux de préserver l'intérêt général de la banque », a annoncé le groupe mercredi, tandis que d'autres sources ont précisé que ce départ était lié au dossier du Libor.

M. Valet a présenté sa démission « à la suite d'une différence d'appréciation dans la gestion d'un dossier juridique spécifique du groupe, antérieur à son mandat de directeur général délégué », a précisé la Société Générale, dans son communiqué. Le différend portait sur le dossier du taux d'intérêt Libor, a appris l'AFP de source proche du dossier. Frédéric Oudéa, directeur général, assurera les fonctions de M. Valet par intérim, a précisé la banque dans son communiqué. Le groupe Société générale compte un président, un directeur général et trois directeurs généraux délégués.

M. Valet était directeur de la banque de financement et d'investissement depuis 2012, mandat qu'il cumulait avec celui de directeur général délégué depuis 2017. Il avait été directeur financier du groupe entre 2008 et 2012. Le Libor, soit le « London Interbank Offered Rate », a longtemps été un taux interbancaire de référence dans le monde de la finance, ayant une incidence sur une masse énorme de produits financiers dont certains prêts aux ménages et aux entreprises.

Plusieurs affaires de manipulations ces dernières années ont toutefois terni sa réputation et le régulateur britannique des marchés a annoncé fin juillet sa suppression progressive d'ici fin 2021. Lorsqu'il a été la cible de manipulations, il était fixé quotidiennement par 16 des principales banques mondiales de manière consensuelle et servait notamment à déterminer le taux auquel elles se prêtent de l'argent entre elles. Son mode de calcul avait ensuite été modifié.

Deux inculpations aux Etats-Unis

En août 2017, deux responsables de la Société Générale, Danielle Sindzingre et Muriel Bescond, ont été inculpées aux Etats-Unis dans le cadre d'une enquête ouverte par les autorités fédérales sur ces manipulations. Elles ont été accusées d'avoir fait « fournir par leur employeur, la Société Générale, des taux falsifiés pour le Libor qui ont ensuite eu des effets surt les transactions du monde entier utilisant le Libor », selon le procureur fédéral auprès du tribunal de New York, Bridget Rohde.

Société Générale avait indiqué début août en présentant ses résultats trimestriels qu'elle coopérait avec les autorités américaines dans le cadre de cette enquête. Plusieurs autres banques, dont Deutsche Bank, ont déjà payé des amendes dans le cadre de cette affaire et un ancien trader des banques UBS et Citigroup, Tom Hayes, a écopé d'une peine de onze ans de prison.