En ce début de mois de mars, les taux fixes des crédits immobiliers restent stables ou baissent légèrement, constatent les courtiers spécialisés. Objectif pour les banques : soutenir la demande, notamment des primo-accédants, quitte à desserrer les conditions d’octroi.

Rien n’y fait. Malgré l’apparition de nouveaux signes de tension sur le marché des taux, les banques rechignent toujours à faire remonter leurs barèmes. Les courtiers spécialisés sont ainsi rares à signaler des hausses sur les taux de crédits immobiliers en ce début de mois de mars. Certes, Empruntis a reçu 13 barèmes en hausse, contre 4 seulement en baisse et 15 stables. Mais ces premières étant plus faibles que les secondes, les taux de marché (1,20% pour un prêt sur 10 ans ; 1,50% sur 15 ans ; 1,70% sur 20 ans ; 1,90% sur 25 ans) sont stables ou en léger repli par rapport à février.

Pour parvenir à cette stabilité malgré le contexte macro-économique changeant, les banques n’ont pas le choix : elles rognent sur leurs marges. Meilleurtaux le constate dans son 26e observatoire des taux, dévoilé cette semaine : les courbes des meilleurs taux fixes sur 20 ans et celle de l’OAT 10 ans sont en train de converger.

Le retour des prêts sur 25 ans et plus

Les établissements de crédit ont également tendance à assouplir leurs conditions d’octroi. Les 33% de taux d’endettement maximum restent la norme ; en revanche les prêteurs sont plus souples sur l’apport et, note Meilleurtaux, « sont de plus en plus ouverts aux dossiers à 110% », où les accédants empruntent donc plus que la valeur du bien acheté, afin de financer tout ou partie des frais de notaire. « Dans un marché haussier, le risque est limité », estime le courtier, le bien ayant toutes les chances de reprendre de la valeur même en cas de revente rapide.

Enfin, certaines banques acceptent à nouveau d’allonger les durées de remboursement. Vousfinancer observe ainsi « le retour des prêts sur plus de 25 ans avec des taux à nouveau attractifs (…) y compris sur 30 ans (…) ». Et même sur 35 ans, dans le cas d’une enseigne !

Les primo-accédants, un « moteur puissant »

Pourquoi les banques consentent-elles tous ces efforts ? Tout simplement pour tenter d’endiguer la baisse de la demande, qui se confirme de mois en mois et « commence à fragiliser le marché », souligne CAFPI.

Les raisons de cette baisse sont connues : des prix qui montent, des aides à l’accession en repli, et le spectre d’un blocage qui se profile. « Le marché du logement est un tout, une chaîne, où chaque maillon [le neuf et l’ancien, NDLR] a son importance pour la bonne vitalité du marché », explique Philippe Taboret, porte-parole de CAFPI. Et pour s’assurer de cette vitalité, les banques se doivent d’alimenter un « moteur puissant », celui des primo-accédants, dont la part dans les nouveaux dossiers baisse dangereusement : 12% actuellement, contre 17% fin 2017, selon ACEcredit.

Appel aux pouvoirs publics

Dans ce contexte, les banques n’ont donc pas le choix : elles doivent trouver des solutions pour aider les primo-accédants à devenir propriétaires, malgré les prix. Le maintien des taux à bas niveau en est une, l’allongement des durées de remboursement une autre.

Mais CAFPI en appelle également aux pouvoirs publics : « Il convient que le gouvernement agisse en 2 temps : répondre à la demande en cours, puis une fois celle-ci comblée, maîtriser les prix ». « Il est à espérer que le projet de loi ELAN [évolution du logement, de l'aménagement et du numérique, présenté début avril en conseil des ministres, NDLR] soit en accord avec cette logique et débloque la situation en cours, ainsi que la catastrophe qui s’annonce », conclut Philippe Taboret.