La Banque Postale signe un bond de ses bénéfices et une progression de ses revenus en 2017, surmontant le bas niveau des taux d'intérêt grâce à de multiples hausses de tarifs, une activité commerciale solide et une discipline budgétaire soutenue.

« Nos résultats sont corrects, je n'ose pas dire bons... Convenables dans le contexte qui est le nôtre », a résumé Rémy Weber, président du directoire, lors d'une conférence de presse jeudi à l'occasion de la publication des résultats annuels.

L'an dernier, la filiale bancaire de la Poste a dégagé un bénéfice net de 764 millions d'euros, soit une progression de 10,1% par rapport à l'année précédente. Au seul niveau du bénéfice d'exploitation, plus représentatif de l'activité du groupe, la performance est plus modeste mais reste marquée avec une hausse de plus de 5%. Quant aux revenus, ils progressent également avec un produit net bancaire - équivalent du chiffre d'affaires - de 5,7 milliards, soit une hausse de 1,5%.

Rebond dans la banque de détail

L'établissement public profite avant tout d'un rebond dans la banque de détail, qui constitue l'essentiel de son activité même s'il a poursuivi l'an dernier sa diversification, notamment dans l'assurance. L'an dernier, la Banque Postale avait observé un recul de ses revenus dans ce secteur toujours très dominant dans ses comptes. Alors même que cette tendance s'est poursuivie au premier semestre 2017, le groupe y arrache finalement une hausse sur l'ensemble de l'année.

Il résiste ainsi au bas niveau des taux d'intérêt. Même si les observateurs commencent à entrevoir leur redressement, ce contexte met pour l'heure les banques au défi de faire fructifier l'argent des déposants tandis que les emprunteurs en profitent pour renégocier leurs crédits. « Cet environnement de taux (...) nous est quand même particulièrement défavorable », a souligné Rémi Weber, rappelant notamment que la Banque Postale est très active dans le crédit immobilier. Mais, sur ce dernier plan, le bas niveau des taux a aussi eu une conséquence positive : il a encouragé les clients à signer beaucoup de nouveaux crédits immobiliers en 2017, contribuant pour une bonne part à l'activité commerciale du groupe.

Des hausses de tarifs

Reste que c'est au niveau des commissions que la hausse des revenus est la plus marquée, autrement dit les frais perçus ponctuellement sur les activités bancaires par contraste avec les intérêts récupérés sur les prêts accordés par le groupe. Celui-ci avait relevé en 2017 plusieurs tarifs, parmi lesquels les frais de tenue de compte. « Nous avons fait quelques ajustements tarifaires », a reconnu Rémi Weber. « Sachant que pour 2018, nous n'avons pas augmenté les tarifs pour l'essentiel. »

En tout état de cause, la banque reste l'une des moins chères du marché français : fin février, 60 Millions de consommateurs, en partenariat avec cBanque, la citait comme seul établissement traditionnel parmi les dix plus abordables, aux côtés de nombreuses banques en ligne.

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Parallèlement à la hausse de ses revenus, la Banque Postale a aussi limité ses dépenses. Ses frais de gestion ont augmenté de moins de 1% l'an dernier, bien qu'elle soit, comme tout le secteur, engagée dans une vaste transformation numérique avec notamment le lancement d'une banque en ligne prévu début 2019.

Silence sur CNP

Enfin, la banque bénéficie de ses participations minoritaires dans le gestionnaire d'actifs immobiliers AEW Europe et, surtout, l'assureur CNP Assurances. Intégrée aux comptes de la Banque Postale, la contribution commune liée à leurs résultats augmente de presque 40%.

Des rumeurs de presse évoquent régulièrement un rapprochement plus étroit entre CNP Assurances et la Poste. Le capital de celle-ci est dominé par une participation directe de l'Etat mais compte aussi la présence de la Caisse des dépôts (CDC), elle-même une institution publique.

A la CDC, si l'on reconnaît envisager de reprendre l'ensemble de la part de l'Etat dans la Poste, on assure que rien n'est tranché et que c'est le statu quo pourrait aussi prévaloir malgré l'arrivée d'un nouveau directeur général fin 2017, Eric Lombard. Rémi Weber a pris mardi un ton semblable, s'amusant d'un « sujet (qui) revient extrêmement régulièrement » mais assurant qu'il en restait au stade « de réflexions » sans « aucun schéma » décidé.