Toujours favorisé par des taux d'intérêt très bas, le marché immobilier ancien a vu ses prix monter et établi un nouveau record historique l'an dernier avec 968 000 ventes, soit 120 000 de plus que le précédent plus haut, enregistré en 2016.

« Si on n'a pas atteint le million de transactions, c'est tout de même un niveau exceptionnel, dans un marché qui a retrouvé la fluidité » des années fastes, de 1999 à 2007, commente auprès de l'AFP jeudi, le notaire parisien Thierry Delesalle. Rapporté au stock de logements disponibles, qui augmente d'environ 1% par an, la proportion de ventes est redevenue équivalente à celle du début des années 2000. « Il y a toutefois encore des secteurs au faible dynamisme économique comme les zones rurales, où les prix ont tendance à baisser, les biens ne trouvent pas forcément un acquéreur », a-t-il noté.

L'an dernier en France, les prix des logements anciens ont augmenté de 4%, une hausse principalement tirée par les appartements dont les prix progressent de 5%, contre 3,2% pour les maisons, selon les statistiques compilées par les notaires et l'Insee. Au quatrième trimestre comparé au troisième, les prix ont augmenté de 1%, avec une hausse toujours plus forte pour les appartements (+1,2%) que pour les maisons (+0,9%) - un marché plus restreint, aux prix plus fluctuants. On voit « l'influence, depuis deux ans, de ces importants volumes de transactions sur les prix, en particulier en Ile-de-France » qui représente 17% du marché national, observe Thierry Delesalle. Dans la région-capitale, les prix des appartements anciens ont progressé de 5,9% au dernier trimestre, sur un an.

700 euros de plus le m2 en un an, à Paris

Ainsi la « bonne tenue de l'activité » ne doit-elle pas « masquer l'effort consenti par les ménages et la difficulté rencontrée pour devenir propriétaire », souligne la Chambre des notaires de Paris-Ile-de-France. « Pour les appartements, un acquéreur sur deux a payé son bien plus de 5 000 euros le m2 » dans la région, et « les cadres ont effectué 39% des achats en 2017, contre 35% en moyenne ces 10 dernières années », dit-elle. Et d'après les indicateurs avancés - compilés à partir des avant-contrats signés en Ile-de-France -, cette hausse devrait se prolonger au même rythme dans les prochains mois.

Dans la capitale, les prix ont déjà bondi de +8,6% l'an dernier, ce qui représente « un effort supplémentaire de 700 euros par m2 » ou un surcoût de 38.500 euros en un an pour la surface moyenne achetée : 55 m2. Ils devraient même afficher une hausse de 9,3% en avril prochain sur un an, pour atteindre un prix au m2 aux alentours de 9.300 euros à Paris, contre +4,1% en petite couronne (et +5,2% dans les Hauts-de-Seine) et seulement +0,4% en grande couronne, deux marchés « plus sains, équilibrés, parce que l'on y construit davantage » que dans la capitale, souligne Thierry Delesalle.

En grande couronne, « à l'exception des Yvelines », les prix sont ainsi restés « plutôt stables pour les appartements, alors même que les volumes de ventes connaissaient une très forte progression », note-t-il. Ils devraient le rester jusqu'en avril. Cette année, les perspectives demeurent favorables pour le marché immobilier ancien.

« Les taux de crédit à l'habitat devraient rester attractifs »

« La conjoncture économique est mieux orientée et le marché du travail donne des signes d'amélioration », tandis que « les taux de crédit à l'habitat devraient rester attractifs malgré la reprise de l'inflation », jugent les notaires. Ces derniers craignent toutefois « une érosion de la solvabilité » des acquéreurs, « dont on ne sait pas si elle sera compensée par des augmentations de revenus », dans un « contexte réglementaire et fiscal un peu moins moteur ». Et les tensions qui perdurent en Ile-de-France pourraient « brider les ventes et pousser les prix à la hausse ». En province, les prix des logements anciens ont progressé de 3,5% l'an dernier.