Crédit Mutuel-CM11, principale composante du groupe bancaire mutualiste Crédit Mutuel, a annoncé jeudi une nette baisse de son bénéfice net en 2017, frappé par une mesure fiscale défavorable, mais une progression de ses revenus.

CM11, qui regroupe 11 fédérations régionales sur les 18 du Crédit Mutuel et exploite notamment le CIC, a vu son bénéfice net baisser de 8,4% l'an dernier à 2,2 milliards d'euros. Le groupe pâtit de la surtaxe exceptionnelle sur les grandes sociétés mise en place dans l'urgence par le gouvernement à l'automne pour compenser la moitié des 10 milliards d'euros de manque à gagner dus à la censure par le Conseil constitutionnel de la taxe sur les dividendes. « Tout va bien... Jusqu'à novembre 2017, au moment où (...) le gouvernement se met en chasse de 5 milliards », a résumé Nicolas Théry, président de CM11, lors d'une conférence de presse.

CM11 a inscrit une charge de près de 300 millions d'euros à cause de cette mesure fiscale, qui a provoqué l'ire du monde mutualiste : elle alourdit la facture fiscale alors que les groupes concernés bénéficient peu de l'annulation de la taxe sur les dividendes. Sans tenir compte de la fiscalité, CM11 estime que son bénéfice net a légèrement progressé, de 100 millions d'euros.

Résistant dans la banque de détail

En tout état de cause, les revenus du groupe s'inscrivent, eux, en franche hausse, puisque le produit net bancaire, équivalent du chiffre d'affaires, signe une hausse de plus de 5% à 14 milliards d'euros. Le groupe se montre notamment résistant dans la banque de détail, qui constitue la grande majorité de son activité. Alors que le secteur pâtit actuellement du faible niveau des taux d'intérêt, CM11 y arrache une hausse de plus de 3% de ses revenus.

Au niveau de l'actualité plus large du Crédit Mutuel, Nicolas Théry a pris soin, dès ses déclarations liminaires, de prévenir qu'il ne s'exprimerait pas au sujet d'Arkéa, grand rival de CM11 au sein du groupe. Arkéa, qui comprend trois fédérations dont celle de Bretagne, souhaite sortir du Crédit Mutuel. L'entité accuse le CM11 de contrôler de fait l'organe de tête du groupe, la Confédération nationale (CNCM), dont Nicolas Théry est aussi président, et de vouloir remettre en cause son autonomie. « Les OPA, et encore moins les OPA hostiles, ne font pas partie (...) de ma culture », a ironisé lors de la conférence Daniel Baal, directeur général de CM11, sans nommer Arkéa.