L'assureur français CNP Assurances, largement contrôlé par l'Etat, a fait nettement progresser ses bénéfices en 2017 malgré les conséquences négatives de la fin d'un partenariat avec les Caisses d'épargne, à l'aide notamment d'une activité en plein essor au Brésil.

Le groupe, dont le capital est dominé par l'Etat via la Caisse des Dépôts, signe une hausse de 7% de son bénéfice net l'an dernier à 1,3 milliard d'euros. La progression se retrouve à changes et périmètre constants, tout comme au seul niveau du bénéfice d'exploitation qui bondit de presque 10%. Quant aux revenus, ils progressent de presque 2% à 32,1 milliards d'euros.

Un quart des revenus liés à BPCE évaporés

L'année a pourtant été marquée par une nette baisse des revenus de CNP en France, où il réalise la grande majorité de son activité. Le groupe a pâti de l'arrêt fin 2016 d'un partenariat de poids avec les Caisses d'épargne du géant mutualiste bancaire BPCE.

CNP, qui fonctionne largement par ce type de partenariats en vendant ses produits via le réseau d'autres groupes comme la Banque postale, a abandonné la gestion des nouveaux contrats d'assurance vie des Caisses d'épargne au profit de Natixis, elle-même filiale cotée de BPCE. Sur l'ensemble de ses activités réalisées via BPCE, CNP subit une chute de près d'un quart de ses revenus, qui n'est pas compensée en France par une progression du côté de la Banque postale.

Pour autant, le groupe se replace pour l'avenir en améliorant de façon considérable sa rentabilité. Il double en France à plus de 20% son taux de marge sur affaires nouvelles, c'est-à-dire le niveau auquel il espère rentabiliser à terme les contrats signés l'an dernier. Comme le reste du secteur, CNP compte tirer profit d'une plus grande part laissée aux contrats en « unités de compte » dans l'assurance vie : par contraste avec les « fonds euros », ils sont plus risqués pour les clients mais permettent potentiellement de meilleurs rendements et sont moins gourmands en ressources chez l'assureur.

Les revenus progressent en Italie

En France, la part des unités de comptes est montée à un cinquième des primes versées par les clients de CNP - contre 15% l'an dernier -, au moment où, sur l'ensemble du secteur, les « fonds euros », qui garantissent de ne pas perdre d'argent, ont tendance à de moins en moins rapporter face au bas niveau des taux d'intérêt. « Le fait que les taux soient relativement bas sur les contrats traditionnels amènent les clients à s'intéresser aux unités de comptes », a expliqué Antoine Lissowski, directeur financier de CNP, lors d'une conférence de presse.

Au niveau mondial, CNP, qui table pour 2018 sur une croissance organique d'au moins 5% pour son bénéfice d'exploitation, équilibre son chiffre d'affaires à l'aide d'activités florissantes en Amérique Latine. Même si elles sont minoritaires pour le groupe, elles suffisent à tirer ses revenus grâce à un bond de près de moitié, réalisé pour l'essentiel au Brésil. « Notre partenaire », la banque publique Caixa economica federal (CEF), « a été le leader des ventes (dans le domaine des) retraites au Brésil », via sa filiale Caixa Seguridade, a expliqué M. Lissowski.

Cet état de fait souligne à quel point il est crucial pour CNP d'actualiser un accord avec Caixa Seguridade, qui court actuellement jusqu'en 2021 et dont le renouvellement a été l'occasion de multiples rebondissements l'an dernier. Aux dernières nouvelles, données fin 2017, CNP, qui a déjà conclu un accord de principe pour le faire courir 20 ans de plus, se disait en bonne voie de parvenir à le finaliser en ce début d'année. Mais l'assureur n'a pas donné de nouvel élément jeudi.

En revanche, CNP a annoncé en décembre le renouvellement pour sept ans d'un autre partenariat international avec la banque italienne UniCredit, juste avant l'expiration de cet accord. Troisième marché du groupe après la France et le Brésil, l'Italie a enregistré une petite hausse locale du chiffre d'affaires de CNP en 2017, de l'ordre de 3%.