La Cour des comptes a mis en garde le gouvernement mercredi contre tout « relâchement » dans la lutte contre les déficits, appelant à mettre en œuvre « sans retard » des « réformes structurelles » pour réduire le niveau des dépenses publiques en France.

« L'amélioration constatée de la situation économique n'autorise aucun relâchement », estime l'institution financière dans son rapport annuel, document de près de 1.300 pages qui passe au crible la gestion des ressources publiques. « Elle doit au contraire aller de pair avec une action renforcée de maîtrise de la dépense publique pour que la France (...) retrouve des marges de manœuvre budgétaires et assure la soutenabilité de son endettement public », ajoute-t-elle.

Selon les dernières prévisions de Bercy, le déficit des administrations publiques devrait s'établir à 2,9% du Produit intérieur brut (PIB) en 2017, passant pour la première fois depuis dix ans sous la barre des 3% exigée par les traités européens. En 2018, il devrait se réduire à nouveau pour atteindre 2,8%, dans un contexte de croissance solide (1,9% l'an dernier, après 1,1% en 2016), synonyme de hausse des rentrées fiscales.

Divergence avec la zone euro

« Malgré le passage possible de son solde public en dessous de trois points de PIB », la France va continuer « de connaître une situation plus dégradée que celle de la quasi-totalité de ses partenaires européens », souligne l'institution présidée par Didier Migaud. La dette publique, fruit de l'accumulation des déficits année après année, devrait ainsi augmenter en 2017 à 96,8% du PIB, puis se stabiliser en 2018, alors qu'elle devrait refluer chez tous les autres membres de la zone euro.

Une divergence jugée inquiétante par les magistrats financiers, qui dressent un tableau critique de la trajectoire budgétaire retenue d'ici 2022 par le gouvernement d'Edouard Philippe, notamment sur le plan des dépenses. « L'amélioration des finances publiques » prévue par Bercy « est tardive » et « principalement imputable à l'amélioration de la conjoncture », soulignent les Sages de la rue Cambon, déçus par la « très faible » baisse du déficit programmée en 2018.

« Une telle situation ne laisse pas de marges pour rester en dessous du seuil de trois points de PIB en cas de choc conjoncturel défavorable ou d'aléas sur les recettes ou les dépenses », ajoutent les magistrats financiers, qui appellent l'exécutif à « tirer parti » de la forte croissance « pour réduire drastiquement les déficits structurels ».