Le groupe bancaire français BNP Paribas s'est dit mardi bien engagé dans la conduite de son plan stratégique pour 2020 après une année 2017 solide, même si l'environnement, notamment sur les taux, s'annonce encore semé d'embûches en 2018.

Première des grandes banques françaises à lever le voile sur ses performances annuelles, BNP Paribas a fait état d'un bénéfice net de près de 7,8 milliards d'euros, en légère hausse de 0,7% sur un an. Quoique modeste, cette hausse s'inscrit dans un « environnement de taux et de marché peu favorable » et le plan stratégique défini par la banque pour 2020 « a démarré dans de bonnes conditions », a déclaré son directeur général, Jean-Laurent Bonnafé, lors d'une conférence de presse. Forte de ce bilan, la banque de la rue d'Antin va proposer à ses actionnaires un dividende relevé à 3,02 euros par action au titre de l'exercice 2017, contre 2,70 euros en 2016.

Elle a par ailleurs confirmé ses objectifs pour 2020, se montrant même légèrement plus optimiste concernant la rentabilité de ses fonds propres, désormais attendue au-dessus de 10% contre autour de 10% jusqu'à présent. La nouvelle feuille de route, qui prévoit jusqu'à trois milliards d'euros d'investissements, doit notamment permettre à la banque de se mettre en ordre de bataille pour affronter les nouveaux concurrents venus du numérique, s'adapter aux desiderata de clients toujours moins enclins à se rendre en agence et profiter de la révolution des services bancaires sur mobiles.

Une interface sécurisée pour ouvrir ses données aux fintechs

Avec l'entrée en vigueur d'une nouvelle directive européenne sur les services de paiement, le groupe a notamment annoncé mardi le lancement prochain d'une interface sécurisée pour ouvrir l'accès de ses données bancaires aux jeunes pousses de la finance (fintechs), comme le réclament avec insistance les superviseurs pour mieux organiser les nouveaux services en ligne. Cette interface (API) « sera prête en septembre 2018, c'est très bientôt, et elle bénéficiera des meilleures conditions de sécurité », a promis Thierry Laborde, le directeur général adjoint. En mettant les gaz dans le numérique, BNP Paribas entend faire progresser ses recettes et renforcer son assise financière dans un environnement qui met depuis plusieurs trimestres le secteur à rude épreuve.

Comme ses rivales en Europe, BNP Paribas continue de souffrir des taux bas qui compliquent la tâche de faire fructifier l'argent des déposants dans la banque de détail ou incitent les emprunteurs à renégocier à la baisse les tarifs de leurs prêts. Et « 2018 sera à nouveau une année difficile, le scénario de taux va continuer à peser », l'horizon ne devant commencer à se dégager qu'à partir de 2019, a prévenu mardi Jean-Laurent Bonnafé.

Résultats stables en 2017

En 2017, la banque a ainsi vu son produit net bancaire (PNB), équivalent du chiffre d'affaires, s'effriter de 0,6% sur un an. Corrigé des divers effets exceptionnels, le PNB termine l'année sur une petite progression de 0,5%. Outre l'effet des taux bas, des effets de change défavorables ont pesé sur les recettes en 2017, tandis que le lancement du plan stratégique s'est traduit par des coûts de restructuration de près de 900 millions.

Le groupe revendique toutefois une activité commerciale qui « s'est développée vigoureusement, soutenue par une croissance européenne progressivement plus forte » et qui a contribué à doper le bénéfice d'exploitation de toutes ses lignes de métiers sans exception. Les frais généraux des activités du cœur de métier ont par ailleurs été maintenus à un niveau stable, la légère progression dans certaines divisions du fait d'une hausse de l'activité étant compensée par les effets du programme d'économies dans d'autres secteurs.

Rachat des activités crédit de General Motors en Europe

De leur côté, les services financiers internationaux (gestion d'actifs, assurance-vie, crédit conso et la filiale américaine Bancwest) ont notamment profité de la bonne santé des activités de crédit à la consommation ou encore de l'acquisition fin octobre avec le constructeur automobile PSA des activités de financement de l'américain General Motors en Europe. Avec ses 9,4 milliards d'euros d'encours de crédit, cette nouvelle entité doit permettre à BNP Paribas d'engranger plus de 700 millions d'euros de revenus et environ 280 millions d'euros de résultat avant impôt supplémentaires à l'horizon 2020.

En ce qui concerne les prochains mois, le groupe espère profiter d'un contexte macroéconomique progressivement plus favorable, avec des prévisions de croissance économique robuste en Europe et une amélioration progressive de l'environnement de taux.

Pas de big bang de l'assurance emprunteur

Source d'inquiétude ces derniers mois au sein des banques traditionnelles, la réforme depuis le 1er janvier de l'assurance emprunteur, qui permet à tous les clients anciens ou nouveaux de renégocier chaque année leur contrat, n'a pour le moment pas provoqué de big bang chez BNP Paribas. « Sur le début de l'année, on voit peu de choses, seules quelques dizaines de dossiers sont concernés sur l'ensemble du stock », a relativisé Thierry Laborde, tout en disant vouloir rester « vigilant ».