L’agrégateur français Bankin’ s’affiche comme la première fintech à obtenir les nouveaux agréments européens issus de la directive révisée sur les services de paiement (DSP2), entrée en vigueur le 13 janvier dernier.

« En tant que nouvel établissement de paiement, Bankin’ devient un acteur régulé au même titre que les banques. » La phrase, tirée d’un communiqué, sonne comme une revanche. Souvent critiquée par le secteur bancaire, notamment pour ses supposés manques en matière de sécurité, l’application de gestion d’argent est désormais reconnue par les institutions françaises et européennes comme un acteur légitime du secteur financier.

« L’obtention de cet agrément (…) incarne (…) la reconnaissance par les autorités et la place financière de notre rigueur et de la sécurité de nos activités et de nos systèmes, ainsi que de notre capacité à répondre aux exigences très strictes du secteur bancaire, tout en étant à la pointe de l’innovation », confirme Joan Burkovic, CEO de Bankin’, cité dans le communiqué.

Bankin’ premier de cordée

Avec l’entrée en vigueur de la DSP2, les « agrégateurs » de compte, et plus généralement les acteurs extra-bancaires opérant dans la sphère financière, ont désormais accès à deux nouveaux agréments « allégés » d’établissement de paiement, pour fournir des services d’informations sur les comptes et d’initiation de paiement.

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Bankin’ est, selon sa communication, la « 1ère fintech européenne à obtenir » les deux sésames. « Cette conformité est le fruit de plusieurs mois de travail et d’un fort degré d’anticipation et de réaction face aux évolutions du texte », note le communiqué de Bankin’. Cette dernière a été jusqu’à embaucher un salarié pour s’assurer « que la société réponde à toutes les exigences de la directive, dans le cadre des activités actuelles et à venir ».

Bankin’ ne manque pas de saluer aussi la Banque de France et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) qui, « à l’aide d’un dispositif spécifique, ont permis l’accélération du processus d’agrément favorisant ainsi les fintechs françaises et européennes ayant choisi de s’installer en France ».

De « nouvelles capacités d’action » sur les comptes

De nombreuses autres fintechs devraient suivre Bankin’. Et pour cause : les nouveaux agréments DSP2 seront à terme - d’ici 18 mois environ - requis pour pouvoir accéder aux données bancaires des usagers par le biais d’interfaces informatiques - des API dans le jargon - actuellement développées par les banques. En résumé, sans d’agrément, Bankin’ n’aurait pas pu continuer à fournir ses services actuels d’agrégation de comptes, d’initiation de paiement entre comptes et de coaching financier.

Qu’est-ce que ça va changer du côté des utilisateurs de Bankin’ ? Dans l’immédiat, pas grand chose. A terme toutefois, l’application promet « une nouvelle expérience bancaire encore plus aboutie » grâce aux « fonctionnalités de son coach personnel, amenées à s’enrichir très prochainement, conjuguées à de nouvelles capacités d’action sur les comptes ».

Un accès élargi aux comptes épargne et de crédits ?

Si la DSP2 régule l’accès des fintechs aux données détenues par les banques, son périmètre se limite aux comptes de paiement. Pas suffisant pour Bankin’ qui a également besoin, pour fournir à ses usagers une vision globale de leur situation financière, des données des comptes épargne et des crédits. La fintech espère ainsi que la France, « pour maintenir l’avance réglementaire actuelle », fera le choix de devenir « le premier pays disposant d’un encadrement juridique pour l’accès aux données des comptes d’épargne, de crédits, etc. »