Les anciens ministres Michel Sapin et Christian Eckert ont épinglé mardi le gouvernement et la Cour des comptes sur la question du déficit budgétaire, estimant avoir fait l'objet d'un « procès injuste et inutile » en matière de finances publiques.

Selon le ministère des Comptes publics, le déficit du budget de l'Etat s'est réduit de 1,3 milliard d'euros l'an dernier par rapport à 2016 pour atteindre 67,8 milliards d'euros, soit son niveau le plus bas depuis 2008. Ce chiffre est inférieur de six milliards d'euros à la prévision publiée par le gouvernement (74,1 milliards), mais aussi de 1,5 milliard par rapport au chiffre prévu par l'ancienne majorité (69,3 milliards).

Cela « balaye définitivement le procès injuste et inutile qui avait été fait à notre gestion des finances publiques au début de 2017, et aux critiques qui ont été portées » contre nos prévisions budgétaires, écrivent Michel Sapin et Christian Eckert dans un communiqué commun. « Loin de l'insincérité, terme avancé avec légèreté par le premier président de la Cour des Comptes, loin des vaines polémiques gouvernementales autour de cette prétendue insincérité, c'est au contraire la prudence de nos prévisions qui doit être soulignée », ajoutent-ils.

« Réserve de précaution »

Dans un audit publié quelques semaines après la mise en place du gouvernement dirigé par Edouard Philippe, la Cour des comptes avait critiqué en des termes virulents les prévisions budgétaires bâties par MM. Sapin et Eckert, aux commandes de Bercy durant la fin du quinquennat Hollande. Cet audit, qui avait pointé des cas nombreux de « sous-budgétisations » et une « insincérité » dans la construction du budget 2018, avait conduit le gouvernement à annoncer plusieurs milliards d'euros d'économies afin d'éviter tout dérapage du déficit public.

« Grâce à la réserve de précaution de 13 milliards que nous avions imposée aux ministères, toutes les dépenses imprévues et toutes les dépenses, comme chaque année sous-estimées, ont pu être couvertes », assurent les anciens ministres. « Grâce à la croissance de l'économie française de 2% contre 1,5% inscrit dans la loi de finances, ce sont plus de 4 milliards de recettes nouvelles qui auront permis de faire face aux dépenses décidées par ce gouvernement », ajoutent-ils. Une analyse quelque peu différente de celle du nouveau gouvernement, qui attribue certes l'amélioration du budget de l'Etat à l'accélération de la croissance, mais aussi et surtout aux mesures d'économies décidées à l'été 2017.