La Nef, petite banque spécialisée dans la finance éthique, se prépare à un changement d'échelle « considérable » pour pouvoir accompagner le développement de ses partenaires dans l'économie sociale et solidaire.

« Nos entreprises clientes ont été fondées il y a 15 ou 20 ans et c'est frappant de voir comment elles sont en train de changer de dimension », se félicite Bernard Horenbeek, le nouveau président du directoire de l'établissement. « Nous devons nous y adapter et donc changer d'échelle. Il est probable que le changement d'échelle sera considérable pour La Nef », ajoute Bernard Horenbeek lors d'un entretien accordé à l'AFP au siège de la banque à Vaulx-en-Velin (banlieue de Lyon).

La Nef, qui fête ses 30 ans cette année, a pratiquement doublé le montant de ses prêts l'an dernier, à plus de 50 millions d'euros. « Il y a un intérêt citoyen énorme pour la finance éthique », explique son dirigeant. Ce fort développement de l'activité entraîne mécaniquement une baisse du ratio de solvabilité de la banque - traditionnellement très élevé. A La Nef, l'argent « mis de côté » pour éponger un éventuel coup dur représente encore 15 à 16% du montant total des prêts accordés par l'établissement, mais ce ratio était de 19,80% il y a 2 ans.

« Élargir notre capital pour continuer à améliorer notre activité »

« Il va nous falloir penser à élargir notre capital pour continuer à améliorer notre activité », explique donc Bernard Horenbeek. Les modalités de l'opération sont encore à l'étude, mais celle-ci devrait s'inscrire dans une stratégie « globale », avec l'introduction à venir de comptes courants qui devrait drainer vers la banque lyonnaise une nouvelle clientèle. Les sociétaires - ils sont près de 40 000 - sont « demandeurs ».

Pour les déposants, la possibilité de « pister l'argent » - par souci de transparence, La Nef publie la liste intégrale des prêts qu'elle accorde - « reste toujours aussi révolutionnaire », souligne le nouveau président du directoire, en référence au récent scandale des « Panama Papers ».

Les comptes courants finalement fin 2018 ou en 2019

L'introduction de comptes courants, qui parachèverait la transformation de La Nef en banque « normale », a toutefois pris du retard en raison de l'importance des exigences réglementaires à remplir. Elle devrait intervenir vers la fin de l'année ou en 2019. « Cela se fera dans le cadre d'un partenariat », concède-t-il. Pour une petite banque comme la Nef - qui compte 93 salariés et affiche 450 millions d'euros de bilan - « il n'y a pas de solution autonome ».

Arrivé à la tête de l'établissement en septembre, Bernard Horenbeek est un Belge de 56 ans qui a commencé sa carrière professionnelle comme vendeurs de disques (« vinyles », précise-t-il), avant de reprendre des études de psychologie et de s'engager dans l'action sociale en Belgique. C'est à ce titre qu'il sera amené à prendre la direction générale de Credal, le pendant belge de La Nef, dont il triplera le bilan en neuf ans.

La Nef qui a récemment beaucoup investi, notamment en informatique, pour accompagner le développement de ses activités, devrait avoir terminé l'année 2017 autour de l'équilibre, après deux années de pertes, mais ce n'est qu'en 2019 qu'elle devrait retrouver franchement le chemin des bénéfices. « Nos fondamentaux - la transparence et la concentration sur l'économie réelle - nous ont protégés de la crise. Ils nous apportent aussi une sécurité », relève Bernard Horenbeek. « Nos clients et nos salariés sont fiers de leur banque. C'est cette fierté qu'il nous faut continuer à nourrir. »