La notion de « néobanque », qui renvoie à la série de comptes et de cartes de paiements qui ont émergé ces derniers mois en France, recouvre des réalités assez différentes. Comment s’y retrouver, et quelles sont les questions à se poser avant de faire son choix ?

C’est un des mots de l’année 2017 dans le domaine financier : néobanque. Un terme qui renvoie à l'arrivée sur le marché français de nouveaux acteurs proposant au grand public des comptes et des cartes de paiement innovants, souvent à bas coût. « C’est vrai, on a la sensation qu’il y a une néobanque qui se lance tous les mois », constatait récemment avec humour le patron d’un de ces nouveaux acteurs.

Toutefois, si le terme « néobanque » est sans doute efficace d’un point de vue marketing, il englobe des acteurs très différents du point de vue du statut réglementaire et du service proposé. Une confusion qui peut amener des déconvenues à l'usage.

Une néobanque est-elle une banque ?

De fait, la plupart des marques désignées comme des néobanques ne sont pas des banques. Rappel, en effet : pour être une banque de plein droit, il faut obtenir un agrément d’établissement de crédit, délivré par le régulateur bancaire national en fonction du respect de divers critères, notamment de fonds propres.

Qui parmi les nouveaux acteurs qui ont émergé cette année disposent de ce type d’agrément ? Deux : Orange Bank et N26. Orange Bank est nativement une banque, héritière de l’enseigne Groupama Banque rachetée en 2016 par l’opérateur téléphonique. N26, de son côté, a commencé son activité en tant qu’établissement de paiement avant d’obtenir un agrément bancaire européen.

Etablissement de paiement ou établissement de monnaie électronique, c’est justement le statut réglementaire de la plupart des autres néobanques : le leader français Compte Nickel, Lydia, Morning, Anytime, Max… Autant d’acteurs spécialisés dans les services de paiement, et qui n'ont pas l’intention de devenir une banque.

Garantie des dépôts vs cantonnement

Contrairement aux établissements de crédit, les établissements de paiement ne bénéficient pas de la garantie européenne sur les dépôts, qui protège les clients des banques à hauteur de 100 000 euros par personne et par enseigne.

Ce qui ne veut pas dire que votre argent y est moins en sécurité. Les établissements de paiement en effet ne détiennent pas en direct les dépôts de leurs clients et doivent s’adresser à une banque de plein droit pour les isoler sur un compte de cantonnement.

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Est-ce qu'on peut y faire de l’épargne ou du crédit ?

C’est une autre différence entre établissement de paiement et établissement de crédit. Le premier ne peut distribuer que des comptes de paiement, tandis que le second peut proposer à la fois des comptes de dépôts, et les produits qui vont avec (crédit, épargne), et des simples comptes de paiement. C'est le cas par exemple avec Carrefour Banque, établissement de crédit qui commercialise le compte de paiement C-Zam.

Le compte de paiement se limite aux dépôts et retraits d’espèces, aux virements, aux prélèvements et à la carte bancaire. Il ne délivre pas de chéquier et ne peut proposer de découvert.

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Ainsi aujourd'hui seule Orange Bank correspond à la définition d'une néobanque complète. La filiale du leader français des télécoms propose déjà, outre son compte de dépôt, un chéquier et un livret d’épargne. Elle accorde aussi des découverts, avec parcimonie. Et elle a promis le lancement d’une offre de crédit conso début 2018 et de crédit immobilier plus tard.

Outre l'utilisation comme un compte ou une carte de complément, le compte de paiement devrait s'enrichir de nouveaux services à moyen terme. Le Compte Nickel a par exemple annoncé son intention de se métamorphoser progressivement en « banque légo », capable de se connecter via des interfaces informatiques à des services tiers. C'est ce que fait déjà N26 : bien qu'établissement de crédit, la banque mobile allemande a choisi de travailler avec Transferwise pour ses transferts d'argent en devises et avec un spécialiste français, Younited Credit, pour le crédit conso.

Prêt à ouvrir un compte étranger ?

De plus en plus, le marché des produits financiers fonctionne au niveau continental. C’est la conséquence du « passeport européen », qui permet à un acteur agréé dans un pays de l’Union européenne de bénéficier de cet agrément dans tous les autres pays de l’UE, sans avoir à déposer à nouveau un dossier. C’est ce passeport qu’utilise N26, originaire d’Allemagne, pour distribuer ses produits en France et dans 16 autres pays de la zone. Même stratégie pour la britannique Revolut, présente officiellement dans l’Hexagone depuis le début de l’année.

Qu’est-ce que ça change d’être client d’une néobanque étrangère ? Pas grand chose au quotidien : leurs cartes bancaires sont également acceptées partout en France. Deux contraintes tout de même. La première : l’identifiant bancaire Iban de votre compte n’est pas français. En théorie, cela ne devrait pas poser de problèmes dans l’espace unique des paiement en euros (SEPA). Dans les faits, certains organismes refusent toujours les Iban non français. La seconde : vous devrez déclarer ce compte au fisc dans le cadre de votre déclaration de revenus.

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Prêt pour une relation bancaire 100% numérique ?

De plus en plus, la notion de banque mobile prend le pas sur celle de néobanque. Et pour cause : une des caractéristiques de ces nouveaux acteurs est de faire du mobile le principal canal de relation bancaire. Parfois même l’unique. Il s’agit donc d’être prêt à gérer ses comptes depuis son smartphone.

Il existe toutefois des nuances entre les acteurs. Hors du mobile, pas de salut, chez Orange Bank, qui privilégie le tchat pour converser avec une intelligence artificielle puis un conseiller. D’autres enseignes en revanche, comme N26 ou Compte Nickel, maintiennent un accès aux comptes sur le web.

Toutes n’ont pas basculé entièrement dans l'argent électronique. Il est ainsi impossible d’encaisser un chèque ou du liquide chez N26 ou Lydia, mais on peut le faire chez Orange Bank. Compte Nickel accepte de son côté les dépôts d’espèces chez les buralistes de son réseau.

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