« Champions du monde de l’épargne » selon BlackRock, les Français privilégient les placements liquides et sécurisés, comme le Livret A, aux dépens des produits financiers plus complexes, et négligent la préparation de leur retraite.

« Malgré un taux d’épargne très élevé, les Français ont du mal à investir dans les produits financiers car ils estiment que ces derniers ne sont pas adaptés à leur besoin », résume dans un communiqué Ivana Davau, responsable de la distribution en France de BlackRock. Ce spécialiste mondial de la gestion d’actifs vient de publier les résultats de son enquête annuelle sur les comportements d’épargne et d’investissement, menée auprès d’une échantillon de 28 000 personnes de 18 pays différents, dont 1 000 Français.

Statu quo malgré des taux bas durables

Selon ce sondage, les liquidités (comptes courants, livrets réglementés, livrets fiscalisés, etc.) représentent encore 59% de l’allocation actuelle des actifs financiers détenus par les Français, très loin devant l’assurance-vie en euros (18%), l’investissement immobilier (9%) et les actions, obligations ou autres fonds communs de placement (9%). Et ce malgré le maintien durable de taux bas : 2 Français sur 5 n’ont ainsi rien changé à leurs choix d’investissement et près d’un sur 3 estime « qu’un maintien des taux bas n’aura aucun impact sur leurs finances personnelles ».

Cet état de fait tient pour beaucoup au faible niveau de confiance des investisseurs français, déjà le plus bas en Europe et qui continue à se dégrader. Pour expliquer leur difficulté à prendre des risques, les Tricolores évoquent pêle-mêle le coût de la vie (53%), la pression fiscale (42%), l’inflation (39%), l’état de l’économie française (38%) mais aussi, et c’est nouveau, l’instabilité politique.

Un recours limité au conseil financier en ligne

L’immobilisme des Français en matière de placements ne les empêche pas de faire appel au conseil financier. Les trois quarts d’entre eux bénéficient ainsi d’un ou d’une conseillère en agence bancaire, 13% des services d’une banque privée. Pour la gestion bancaire au quotidien ou le suivi de leurs investissements, Ils sont moins enclins (67%) que les Etats-uniens (77%), les Britanniques (83%) ou les Chinois (78%) à utiliser des canaux numériques.

Retraites : bonnet d’âne européen pour les Français

Est-ce dû à la primauté du système de retraite par répartition dans l’Hexagone ? Toujours est-il que les Français ne sont que 45%, plus faible niveau européen, à consacrer une part de leurs ressources financières disponibles pour préparer leur retraite. Un pourcentage en baisse de 7 points en un an.

En moyenne, les Français consacrent 7% de leurs revenus mensuels à leur future retraite, au même niveau qu’en Espagne ou en Suède. Et seuls 12% d’entre eux affirment « être sur la bonne voix pour obtenir les revenus qu’ils souhaitent lors de leur départ à la retraite ». « (…) Bien que les Français craignent de manquer de ressources pour leurs vieux jours, la part de l’épargne qui y est consacrée demeure paradoxalement très faible », constate ainsi Jean François Cirelli, président de BlackRock en France, qui considère « qu'une incitation fiscale forte, un retour sur investissement garanti et des risques maîtrisés sont les déterminants qui permettraient de dynamiser l’épargne et l’investissement des Français ».