Les banques traditionnelles françaises gardent de l'avance dans l'esprit des consommateurs sur les start-ups financières qui ambitionnent de bousculer le marché, mais pourraient affronter une concurrence plus menaçante des géants numériques, prévient une étude publiée jeudi par le cabinet Bain & Company.

Les fintechs comprennent une large gamme de start-ups qui viennent concurrencer les banques traditionnelles avec des services allant du paiement mobile aux agrégateurs de comptes. Mais, en France, seule une personne interrogée sur quatre envisage de recourir un jour à leurs services, affirme Bain & Company dans une étude annuelle, réalisée auprès d'environ 10.000 personnes en France.

« Les fintech proposent des produits innovants, mais peinent à bâtir une réputation de marque ou un modèle de distribution à grande échelle pour attirer le plus grand nombre », explique Ada Di Marzo, spécialiste des services financiers chez ce cabinet, dans un communiqué.

Attention aux géants numériques

Pour autant, selon cette étude, les banques traditionnelles, qui viennent d'être confrontées en France à l'arrivée d'un concurrent de poids avec Orange Bank - offre de banque mobile du géant des télécoms -, auraient tort de se laisser aller à la sérénité. Non seulement elles sont très peu recommandées, aucune ne l'étant par plus d'un sixième de leurs clients chez les consommateurs français interrogés, mais elles risquent d'être confrontées à une autre concurrence menaçante, celle des géants numériques du type GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple).

Par exemple, Apple propose un système de paiement mobile, qui suscite une certaine méfiance des banques françaises - seules BPCE, le Crédit Mutuel Arkéa et, depuis peu, Société Générale ayant engagé des partenariats - , tandis que Facebook offre de transférer de l'argent via sa messagerie. Un tiers des personnes interrogées en France par Bain & Co sont prêtes à recourir à un produit ou service financier d'un géant de la technologie. L'intérêt est encore plus marqué chez les plus jeunes, nettement plus que pour les fintech.

« Tout le monde est notre concurrent »

Cette étude fait écho aux déclarations de plusieurs dirigeants de banques françaises, qui relativisent le risque représenté par les start-ups mais restent prudents sur les GAFA, notamment leurs équivalents chinois comme Tencent, massivement utilisé dans le paiement mobile via sa messagerie WeChat.

Les fintech sont des « partenaires naturels » plus que des adversaires, assurait mardi François Pérol, président du directoire de BPCE à l'occasion du plan stratégique de la banque. Mais, en fin de compte, « tout le monde est notre concurrent », des startups aux GAFA en passant par Orange, reconnaissait-il.