La curiosité pour le paiement mobile sans contact grandit en France. Les usages, pourtant, restent encore faibles, notamment sur les smartphones Android où l’expérience utilisateur reste à améliorer et à unifier.

Apple Pay d’un côté, Paylib sans contact de l’autre : deux solutions de paiement mobile sont actuellement déployées à grande échelle en France. Ça tombe bien : l’idée de régler des achats avec son mobile fait son chemin dans l’esprit des Français. En octobre 2015, seuls 19% des répondants à un sondage se disaient prêts à payer avec leur téléphone portable. Deux ans plus tard, selon un autre sondage, ils sont 50% à l’envisager.

Dans les faits pourtant, combien utilisent vraiment cette fonctionnalité au quotidien ? En théorie, une part non négligeable de la population peut le faire. Paylib sans contact est ainsi disponible dans presque toutes les grandes enseignes bancaires françaises, et seulement pour les possesseurs de smartphones Android - plus de 27 millions en France début 2017. Dans les faits, le GIE Carte Bancaire (CB), qui a développé Paylib, ne communique pas ses chiffres, mais précise que « Paylib a désormais un million de porteurs » et que, « parmi eux, les utilisateurs d'Android peuvent activer la fonctionnalité paiement sans contact ».

Alors qu’il est disponible dans moins de banques [voir encadré] et sur moins de téléphones - un peu plus de 9 millions début 2017 -, Apple Pay semble rencontrer plus de succès. La firme à la pomme, fidèle à son habitude, ne fournit également aucun chiffre. Mais certains signes ne trompent pas : la Caisse d’Epargne, parmi les premières enseignes à avoir proposé le service, a ainsi expliqué fin 2016 que plus d’un client éligible sur deux l’avaient testé.

Paylib sans contact plus répandu, mais Apple Pay monte en puissance

Paylib sans contact chez Crédit Agricole, BNP Paribas, La Banque Postale, Société Générale, Hello bank, Crédit Mutuel Arkea, Banque Populaire, Caisse d’Epargne.

Apple Pay chez Banque Populaire, Caisse d’Epargne, Carrefour Banque, Orange Bank, N26, Banque BCP. Prochainement chez Crédit Mutuel Arkéa (Bretagne, Sud-Ouest, Massif Central), Fortuneo, Max, Lydia et Société Générale.

L'atout simplicité d’Apple Pay

L’attractivité d’Apple Pay tient évidemment à la force de frappe marketing de la marque, sans commune mesure avec celle de Paylib. Au profil de ses clients aussi, plus technophiles que la moyenne. Mais le premier facteur d’explication réside dans l’extrême simplicité du paiement chez Apple Pay : il suffit d’approcher le téléphone du terminal en plaçant son pouce sur le capteur biométrique pour régler l’achat, quel que soit son montant. Une expérience permise par le fort degré d'intégration du téléphone et du logiciel (iOS) qui lui permet de fonctionner.

Rien de tel chez Paylib sans contact. Dans l'écosystème Android, le service doit composer avec une multitude de téléphones et de versions de logiciels différentes. Résultat, l’expérience y est plus complexe, et surtout beaucoup moins unifiée : selon votre téléphone ou votre banque, elle a toutes les chances de changer.

Pour les paiements de petit montant, Paylib se rapproche de la simplicité d’Apple Pay. Ça se dégrade pour les montants plus élevés, pour lesquels une authentification est nécessaire. Et la limite entre les deux change selon les banques : 30 euros par exemple au Crédit Agricole, mais seulement 20 euros chez BNP Paribas.

Android Pay aux abonnés absents

Les possesseurs de smartphones Android ont un espoir pour rapprocher leur expérience du paiement mobile de celle d'Apple Pay : l’arrivée en France d’Android Pay, développée par Google. Las : disponible en Grande-Bretagne, en Belgique, en Pologne, en Espagne et en République tchèque, pour ce qui est de l’Europe, Android Pay n’est pas encore annoncé en France. Pas plus que Samsung Pay ou Huawei Pay, qui promettent également des expériences plus unifiées.

Des facteurs de complexité

Autre subtilité : certaines banques, comme le Crédit Mutuel de Bretagne, autorisent l’usage du capteur biométrique sur les smartphones équipés. Mais d’autres, comme la Banque Postale, imposent de composer un code à six chiffres. « Nous sommes alors très loin du ‘’Je place mon pouce sur le capteur et c’est terminé’’ », explique un spécialiste de la monétique. « Payer 50 euros à la Banque Postale, par exemple, nécessite de présenter le mobile au terminal de paiement, d’attendre le lancement de l'application, de s'authentifier avec le code à 6 chiffres et, une fois l'authentification effective, de présenter à nouveau le mobile au terminal qui déclenche alors une autorisation ». Mieux vaut alors sortir sa carte bancaire.

Les facteurs de complexité ne s’arrêtent pas là. Rares sont les banques, comme BNP Paribas, à avoir intégré Paylib sans contact directement dans leur appli. La plupart ont fait le choix de développer des applications annexes, que l’usager devra donc penser à télécharger : « Ma Carte » chez Crédit Agricole, « Mon portefeuille » à la Banque Postale… En comparaison, Apple Pay est disponible par défaut sur tous les iPhones équipés de capteur biométrique.

Enfin, last but not least : dans certaines banques, Paylib sans contact n’est par ailleurs compatible qu’avec certaines cartes : Visa mais pas MasterCard à la Banque Postale, MasterCard mais pas Visa au Crédit Agricole. Allez comprendre !

Des utilisateurs comblés malgré tout

Malgré ces soucis, les utilisateurs comblés de Paylib sans contact existent. « Je l’utilise quotidiennement (…) et c’est un vrai bonheur », témoigne Charlie. Ce client Hello Bank vivant en région parisienne a été séduit par deux arguments : la sécurité - « contrairement à une CB classique, ici il est nécessaire de déverrouiller le téléphone, avec le capteur d’empreinte ou le code » - et la possibilité de régler par ce moyen n’importe quel montant.

(1) Apple Pay est compatible avec les derniers modèles de la marque, depuis l’iPhone 6 jusqu’à l’iPhone X.