Six fois sur dix en 2016, un PTZ accordé l’a été dans les zones B2 et C, qui regroupent les petites villes et les régions rurales. Soit précisément dans les zones où l’exécutif souhaitait le voir disparaître, avant d’opérer un revirement.

Le recentrage n’aura pas lieu, en tout cas pas tout de suite. Dans le cadre de la « stratégie logement » du gouvernement Philippe, présentée en septembre dernier, le PTZ devait disparaître dès 2018, pour les achats de logements neufs, dans deux zones géographiques B2 et C, les moins urbanisées. Justification de Julien Denormandie, le secrétaire d’Etat en charge de la réforme : il s’agit de ne reconduire le dispositif que « là où il est le plus nécessaire pour les Français », c’est-à-dire dans les zones où le décalage entre l’offre et la demande de logements neufs est le plus important.

Mais le 6 octobre dernier, recul : confronté au mécontentement de nombreux maires de villes petites et moyennes, généralement classées B2, Emmanuel Macron, le président de la République en personne, décide de faire machine arrière : le PTZ sera finalement maintenu en 2018 et 2019 dans les zones B2 et C, à des conditions moins intéressantes qu’actuellement.

6 PTZ sur 10 en zones B2 et C

Une récente publication permet de mieux comprendre la fronde des maires et le revirement de l’exécutif. Pour la quatrième année de rang, le Crédit Foncier vient en effet de publier son étude sur l’accession sociale à la propriété, centrée sur trois dispositifs principaux : le PTZ donc, mais aussi le Prêt à l’accession sociale (PAS) et l’Aide personnelle au logement accession (APL accession).

On y découvre notamment qu’en 2016, 6 PTZ sur 10 - soit 69 000 opérations environ sur les 115 000 au total financées par un PTZ - ont été accordés pour des opérations réalisées en zone B2 et C. Précisément là où le dispositif devait disparaître. Créé pour solvabiliser les ménages primo-accédants dans les zones de déséquilibre en offre et demande, le PTZ est en fait majoritairement utilisé dans les petites villes et les zones rurales, là où la tension sur les prix est généralement moins importante.

Un doublement du PTZ entre 2015 et 2016

Les chiffres du Crédit Foncier apportent une autre confirmation : le PTZ reste un incontournable pour les primo-accédants dans le neuf. 63% d’entre eux ont eu recours au PTZ en 2016. Le dispositif est moins décisif dans l’ancien, où il est conditionné à la réalisation de lourds travaux de rénovation : 6% des opérations. Ainsi, au total, ce sont 21% des primo-accédants qui ont eu recours au PTZ.

2016 a ainsi été une très bonne année, comme devrait l’être 2017 : le nombre de contrats signés a quasiment doublé (+98%) par rapport à 2015. Les montants prêtés, eux, se sont littéralement envolés : +239%, à 7,4 milliards d’euros, soit 5% de la production totale de crédits immobiliers, hors travaux et renégociations. En moyenne, le montant d’un PTZ 2016 s’est élevé à 64 400 euros.

Deux raisons à cela. Le renforcement du PTZ d’abord, décidé en octobre 2015 par l’ex-chef de l’Etat François Hollande, avec notamment une hausse de la quotité - la part du montant de l’achat pouvant être financé grâce au PTZ - et un allongement du différé de remboursement. Les taux d’intérêt bas ensuite, qui ont aidé à solvabiliser les ménages et ont permis au marché du crédit immobilier de boucler une année record.

Le marché du prêt PAS également très actif

En 2016, selon le Crédit Foncier, le prêt PAS a permis de financer près de 73 000 opérations d’accession, pour un montant total de production de 10,3 milliards d’euros : 26 000 (soit 36 %) dans le neuf, 47 000 (soit 64 %) dans l'ancien.

Au total, 13% des opérations de primo-accession (18 % dans le neuf et 11 % dans l’ancien) ont donné lieu à un PAS. Enfin, près de six opérations sur dix (58 %) financées par un PAS ont été réalisées dans les zones B2 et C.