La reprise économique va bon train en zone euro, mais de nombreux Etats membres restent confrontés à des « vulnérabilités et défis », a estimé lundi le vice-président de la Banque centrale européenne, Vitor Constancio.

Malgré la baisse du chômage dans la région, « le nombre de chômeurs jeunes et de longue durée reste élevé à un niveau inacceptable », déplore Vitor Constancio dans un discours tenu lors d'une conférence bancaire à Francfort. De même, les niveaux de dette des ménages et des Etats restent élevés, rendant les pays concernés « vulnérables à des chocs externes », a ajouté le banquier central, sans citer de pays en particulier.

Dans une récente interview donnée au JDD, le Français Benoit Coeuré, membre du directoire de la BCE, estimait qu'« en matière budgétaire, la France n'est pas encore sortie d'affaire » et dispose de faibles marges de manœuvre si la conjoncture devait se retourner.

Les différences de revenus se creusent

La crise a par ailleurs « interrompu la convergence vers des niveaux de vie plus élevés » dans les pays les plus frappés par le marasme, estime Vitor Constancio. Les différences de revenus dans la population se sont à nouveau accrues, ce qui nécessite d'augmenter à nouveau et de manière durable le potentiel de croissance des économies de la région.

Pour ce faire, « de nombreuses réformes structurelles et institutionnelles sont encore nécessaires pour préserver et améliorer le fonctionnement futur des économies des pays et, partant, de la zone euro dans son ensemble », a martelé le banquier portugais.

Améliorer la coordination des politiques nationales au sein de l'UE

Enfin, il a jugé nécessaire d'améliorer la coordination des politiques nationales au sein de l'UE. « C'est un signe des temps que la Commission européenne se soit sentie obligée de réduire ses ambitions sur sa proposition visant le système européen de garantie des dépôts », la dernière étape pour parachever l'union bancaire, a relevé Vitor Constancio. Cela traduit selon lui « des incertitudes compréhensibles mais importantes concernant le futur. »

Auparavant, Vitor Constancio a pris note de la reprise économique durable pour l'ensemble de la zone euro, mais sur fond d'inflation restant à un rythme encore trop modéré au regard des objectifs de la BCE. C'est pourquoi l'institution est contrainte de poursuivre le cours « très accommodant » de sa politique monétaire, bien que son ampleur soit appelée à décroître à compter de janvier prochain.