Le Crédit Agricole a présenté ce matin au Village by CA son nouveau compte bancaire, Eko. La nouvelle offre, en 12 questions.

Quels services pour 2 euros par mois ?

Le principe de l’offre est résumé en un slogan, qui sera bientôt récité en boucle dans des spots TV : « 1 carte, 1 appli, 1 agence, pour 2 euros par mois, point. » Le Crédit Agricole table ainsi à la fois sur une relation bancaire à distance, sur mobile, et sur une relation commerciale plus traditionnelle, en agence. Les clients devront choisir une agence de rattachement, avec affectation d’un conseiller clientèle comme pour tout autre client, et avoir accès à toute la gamme de produits Crédit Agricole. La banque va axer sa communication sur l’universalité de l'offre Eko, agence ou mobile, sur sa simplicité et sur le « budget maîtrisé », avec l’absence de découvert.

Côté tarifs, conformément à ce que cBanque annonçait dès le 23 octobre, le forfait de 2 euros inclut la gestion de compte via internet et l’appli Ma Banque, des alertes SMS, une carte de paiement internationale Mastercard, les retraits illimités dans les DAB Crédit Agricole et limités à 25 par an hors réseau, ainsi qu’un chéquier, disponible sur demande.

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Est-ce une « réponse » à Orange Bank, C-zam et Compte Nickel ?

« Cette offre a été présentée comme une réaction aux nouveaux entrants », constate Philippe Brassac, directeur général de Crédit Agricole SA, une vision qu’il contredit : « Ils nous poussent en effet à faire évoluer notre modèle, mais Eko a en premier lieu été imaginé comme une réponse aux usages et demandes des clients. » La direction de CASA met ainsi en avant la « co-construction » de l’offre avec 2 000 clients mais, dans sa communication presse, la banque verte n’hésite pas à comparer tarifs et services d’Eko aux comptes C-Zam, Nickel, Welcome (Boursorama) et Orange Bank.

Yvan Picart, directeur du marché des particuliers au Crédit Agricole SA, souligne qu'il s'agit d'un projet de longue date. Eko a été imaginé suite à l’échec de l'offre Freasy, lancée en février 2016, désormais fermée à la commercialisation, et qui visait exclusivement les jeunes avec une carte bancaire gratuite. Mais certaines orientations restrictives de Freasy se sont révélées rédhibitoires : le compte 100% mobile, l’absence de chéquier, les limitations de la carte bancaire à autorisation systématique, etc. Des choix totalement revus pour Eko.

Quand Eko sera-t-il ouvert à la souscription ?

Le lancement sera « national » et simultané dans toutes les caisses régionales. Il interviendra « dans les prochains jours » voire « semaines » selon la direction du groupe. Probablement dès la fin novembre.

Où les particuliers pourront-ils souscrire un compte ?

Au choix : en ligne ou en agence, tout compte Eko étant rattaché à une caisse régionale. Dans les deux cas, la promesse est la même : l’ouverture de compte prendra « moins de 10 minutes ». Ce matin, lors de la conférence de presse, une vidéo a simulé la procédure de souscription web et mobile, fidèle à celle des banques en ligne, entre autres. Une fois la demande d'ouverture validée, la banque s’engage sur un délai maximum de « 48 heures » pour l’envoi d’un RIB permettant d'effectuer un virement de 20 euros afin de finaliser l’ouverture. La carte bancaire est enfin envoyée sous « 4 ou 6 jours ouvrés ». Des délais raccourcis sont annoncés pour une souscription en agence.

Qui peut ouvrir un compte Eko ? Quelle est la clientèle cible ?

Seule et unique contrainte annoncée pour ouvrir un compte : être majeur. Pourquoi cette limitation ? « Pour Eko, nous avons choisi de favoriser la souscription en ligne, qui n’est réglementairement ouverte qu’aux personnes majeures », affirme Yvan Picart. « Pour les mineurs, nous préparons une autre offre simplifiée, mais il ne s’agira pas d’Eko. »

Les jeunes adultes, voilà le cœur de cible du Crédit Agricole pour Eko, mais la banque insiste sur l’universalité de ce compte, qui peut convenir à tous les publics.

Un compte Eko pourra-t-il tomber dans le rouge ?

« Il n’y a pas de découvert autorisé ! », appuie Véronique Faujour, directrice marketing du groupe. Pourtant, la grille tarifaire d’Eko prévoit une « alerte SMS » en cas de « solde inférieur à 20 euros » mais aussi « en cas de solde débiteur ». Est-il donc possible de tomber dans le rouge, en découvert non autorisé, avec les frais que cela implique ? « Je vous garantis que, dans la mesure où il n’y a pas de découvert autorisé, il n’y aura pas de frais d’intervention bancaire », a répété Véronique Faujour lors de la conférence.

Si la carte bancaire peut empêcher les opérations rendant le solde débiteur, la possiblité d'émettre des chèques met à mal ce discours. Relancée sur ce point, Véronique Faujour s’est voulue catégorique : « Les chèques ne seront pas acceptés si le compte n’est pas provisionné. » Quid des frais de rejet de chèque ? « La procédure légale, avec un délai de 6 jours pour réagir, s’enclenche. Surtout, nous allons nous empresser de contacter le client pour lui proposer d’autres solutions, comme le crédit à la consommation, en fonction de ses besoins. » Bref, à en croire le Crédit Agricole, si un compte Eko se retrouve dans le rouge, cela devrait plutôt relever de l'exception.

La carte bancaire permettra-t-elle de payer au péage ou en station-service ?

Oui. C’était l’un des points faibles de la carte à autorisation systématique, qui empêche certains paiements, au péage ou en station-essence notamment. Véronique Faujour évoque ainsi une « carte à contrôle de solde » pour Eko, élaborée avec Mastercard. Cette « nouvelle génération » de carte permet ces paiements spécifiques. Une franchise a toutefois été négociée avec Mastercard : ces paiements, où le contrôle du solde n'est pas possible, seront limités à 30 euros, un montant éventuellement amené à évoluer en fonction des retours des clients.

Est-ce une « banque mobile » ?

Oui et non. Philippe Brassac a exposé sa vision du « choc des modèles » bancaires : « Je ne vois pas l’évolution actuelle du marché comme un affrontement entre la banque mobile et la banque traditionnelle, avec le réseau d’agences. Je vois plutôt une distinction entre les banques canalisées, avec un seul mode de relation, et les banques complètes. » Le directeur général de CASA voit ainsi Eko comme une offre s’adaptant à chaque client : banque mobile pour le client souhaitant une relation à distance, banque en agence pour celui qui tient à l’échange avec le conseiller.

Des services novateurs ?

Sans surprise, le Crédit Agricole annonce le paiement mobile et le paiement entre particuliers, grâce à Paylib. A l’image de certaines néobanques, Eko permettra l'activation et la désactivation des paiements en ligne, et la banque verte promet l’agrégation de comptes pour 2018. Restent deux originalités. La première : le « pocket chéquier », avec seulement 5 chèques, afin d'inciter les clients à n'utiliser le chèque que de façon exceptionnelle. La deuxième : l’accès à l’agenda de son conseiller pour une prise de rendez-vous via l’appli Ma Banque.

Quels sont les points faibles d’Eko ?

Philippe Brassac assume le choix d'un modèle payant : « Une banque gratuite, ça n’existe pas sans contrepartie ! On parie donc sur une offre forfaitaire mais complète. » Autre point faible : la limitation des opérations par carte bancaire, avec un plafond de retraits de 300 euros sur 7 jours consécutifs et, surtout, un plafond de paiements par carte de 1 200 euros par mois. Par ailleurs, a contrario des « néobanques » Nickel, C-Zam, N26 ou Orange Bank, Eko ne permet pas de connaître son solde en temps réel.

Le groupe Crédit Agricole conserve aussi le délai de 48 heures pour tout ajout de bénéficiaire de virement. Une pratique qui peut paraître démodée à l'heure de la digitalisation bancaire. Eko ne fera donc pas exception à cette règle. « Cela changera avec l’instant payment », les virements SEPA instantanés attendus pour novembre 2018, répond Véronique Faujour.

Quels sont les objectifs ?

Le Crédit Agricole cible 500 000 nouveaux clients, grâce à Eko, sur 5 ans. Annoncé ainsi, l’objectif paraît timide, le Compte Nickel ayant atteint ce seuil en 3 ans. Le groupe ne livre pas, en revanche, d’objectif financier. Philippe Brassac voit Eko comme une des pièces du puzzle au sein de « l’offre globale Crédit Agricole ». Autrement dit, Eko sert aussi à attirer des clients, afin qu’ils s’équipent petit à petit d’autres produits : crédits, assurances, placements, etc.

Que devient BforBank ?

Le groupe Crédit Agricole dispose aussi d’une offre de compte bancaire gratuit, via la marque BforBank. L'avenir de cette banque en ligne est-il menacé ? « BforBank, c’est une autre réponse, à distance et haut de gamme, différente de la banque universelle », précise Raphaël Appert, premier vice-président de la fédération nationale du Crédit Agricole, qui invite au passage les « 170 000 clients » de BforBank à découvrir les caisses régionales grâce à Eko…

Voir aussi le descriptif de l'offre groupée Eko du Crédit Agricole