L'ancien ministre socialiste des Finances Michel Sapin, très critique sur le projet de budget 2018, a demandé jeudi au gouvernement de publier « la somme dont vont bénéficier les 100 premières fortunes de France » du fait de la réforme de l'ISF.

Invité de Questions d'info LCP-franceinfo-Le Monde-AFP, Michel Sapin a évalué à « 5 milliards le bouclier fiscal de cette nouvelle majorité », qu'il a comparé au « 1 milliard » du « bouclier fiscal de Nicolas Sarkozy ». « Combien sur ces 5 milliards vont vers les 100 premières fortunes ? », a-t-il interrogé, demandant que « Bercy, le gouvernement, que le président de la République publient la somme dont vont bénéficier les 100 premiers bénéficiaires, les 100 premières fortunes de France », afin qu'on s'aperçoive de « la concentration considérable » de l'effet des mesures proposées.

Sur l'ISF, « ce qui me gêne plus, c'est de considérer qu'il y a des bonnes fortunes et des mauvaises fortunes. Il se trouve que la bonne fortune, c'est la fortune financière, c'est celle qui est liée à la très, très grande fortune, et que la mauvaise fortune c'est la fortune des cadres moyens supérieurs, ceux qui ont de l'immobilier », a développé ce proche de François Hollande.

Un « problème constitutionnel »

Michel Sapin a également critiqué la « flat tax » de 30% (12,8% d'impôt sur le revenu et 17,2% de prélèvements sociaux) sur les revenus du capital. « C'est la fin d'un grand principe républicain. D'ailleurs il y aura un problème constitutionnel, qui est celui de la progressivité de l'impôt », a dénoncé ce socialiste.

« L'impôt sur le revenu payé par ceux qui ont un revenu financier, c'est 12,8%, l'impôt payé par le premier qui commence à payer des impôts (la première tranche d'imposition sur le revenu, ndlr), c'est 14% », a-t-il observé.

Les signes extérieurs de richesse, un « cache-sexe »

L'ex-ministre a par ailleurs raillé la taxation des biens de luxe, tels les yachts, que les députés de la majorité ont ajoutée dans le projet de loi de finances : « c'est du cache-sexe », « c'est pour amuser la galerie », « on en revient à avant 1981. Avant 1981, il y avait un impôt sur les signes extérieurs de richesse, quelle modernité ! ».

A la question de savoir si Emmanuel Macron était un président de gauche ou de droite, Michel Sapin a jugé que « sur ces sujets-là, c'est un président de droite », commettant au passage un lapsus en prononçant le prénom de l'ancien président Nicolas Sarkozy au lieu de celui du président actuel. « C'est vrai qu'il y a des éléments composites dans la personnalité de Nicolas Macron », a-t-il lâché.

« Mais ce qui l'emporte, c'est le débat fiscal, qui paie les 5 milliards qui sont donnés aux plus riches des Français. Ce sont globalement les plus pauvres, ce sont les emplois aidés en moins, ce sont les APL en moins, et ce sont les collectivités territoriales », a martelé Michel Sapin.