Bien que lancé très récemment dans sa version francophone, le compte de paiement Revolut, d’origine britannique, revendique déjà près de 150 000 clients en France, attirés par le seul bouche-à-oreille. Comment expliquer ce discret mais réel succès ?

La France compte une néobanque de plus. Après le Compte Nickel, après N26, après C-Zam et en attendant Orange Bank, voici Revolut, en provenance de Canary Wharf, la City londonienne des fintechs. Lancé officiellement en juillet 2015, le compte de paiement dispose depuis peu d’une application et d’un site web francisé, ainsi que d’une équipe française chargée notamment de promouvoir et d’adapter l’offre au marché tricolore.

Sise au Royaume-Uni, Revolut est par essence une néobanque européenne. Ses fondateurs, Nikolay Storonsky (CEO) et Vlad Yatsenko (CTO), sont respectivement russe et ukrainien. Le service clients de la marque est basé à Cracovie, en Pologne. Ses développeurs sont eux répartis entre Moscou et Saint-Petersbourg, en Russie. Et en tant qu’établissement de paiement régulé par la FCA - équivalent britannique de l’ACPR - elle bénéficie d’un passeport européen, qui lui permet d’exercer dans les 31 Etats membres de l’espace économique européen (EEE).

La carte des voyageurs

Cet ADN européen se retrouve dans le point fort de l’offre, les virements et paiements internationaux gratuits. Revolut permet en effet à ses clients de recevoir et d’envoyer des virements libellés dans 26 devises différentes, sans frais jusqu’à une certaine limite (voir encadré). Sa carte de paiement, une Mastercard à autorisation systématique, les autorise aussi à payer et à retirer du cash à l’étranger - là encore avec certaines limites - sans payer de commissions supplémentaires. Autant de caractéristiques qui font de Revolut une aubaine pour les voyageurs, au même titre que d’autres néobanques comme N26 et Compte Nickel.

Quelle est alors la spécificité de Revolut ? L'utilisation d'un taux de change sans commission. « N26, par exemple, ne fait pas payer les paiements internationaux, mais leur applique les taux de change de MasterCard », explique Maxime Bensadoun, porte-parole de la marque en France. « Chez Revolut, nous appliquons les taux de change que les banques utilisent entre elles, qui sont plus avantageux. » C’est cette nuance qui a permis à Revolut, avant même de se lancer officiellement en français, d'annoncer 150 000 clients dans l’Hexagone. Ce qui en ferait aujourd’hui, derrière le Compte Nickel mais devant N26, la 2e néobanque du marché français.

Une tarification simple

« Les banques facturent des frais qui n’ont aucun sens. Pourquoi taxer les gens pour des services qui ne nous coûtent rien ? » demande Maxime Bensadoun. Revolut, pour autant, n’est pas gratuite. Mais la néobanque affiche sa simplicité tarifaire. Côté carte bancaire, pas d’abonnement annuel à régler, mais la fabrication et l’envoi à domicile sont facturés normalement 6 euros. Pas de frais d’inactivité non plus, contrairement à N26, à la future Orange Bank et à la plupart des banques en ligne : le compte reste gratuit même si vous ne l’utilisez pas.

Dans sa version standard, il permet d’effectuer gratuitement des virements internationaux jusqu’à 5 000 euros mensuels. Au-delà, Revolut prélève une commission de 0,5%. Même principe pour les retraits en DAB : gratuits jusqu’à 200 euros mensuels, facturés 2% du montant retiré au delà. Une version premium, facturée 7,99 euros par mois, permet de s’affranchir de ces plafonds et de bénéficier d’avantages tarifaires sur les services annexes.

Des sources de revenus à diversifier

Revolut refuse toutefois de se limiter aux voyageurs. « Notre clientèle cible, c’est tout le monde », argumente son porte-parole français. « Dans Revolut, vous prenez ce que vous voulez. Notre carte peut être la carte du voyage, mais aussi la carte des sorties ou la carte des loisirs ». Equipé d’un IBAN unique pour chaque client, multi-devises, le compte peut également servir à percevoir son salaire, à recevoir des virements ou à domicilier des prélèvements. A condition bien sûr de ne pas être allergique au mobile, seul canal de relation client proposé.

Comme certaines enseignes commencent à le proposer en France - Axa Banque, N26, ING Direct, bientôt Orange Bank -, la carte Revolut permet de suivre ses paiements en temps réel. Elle peut également être verrouillée d’un simple clic dans l’appli. Et Revolut compte bien s’enrichir encore prochainement de nouveautés, jusqu’à « proposer toute la panoplie des services bancaires », promet Maxime Bensadoun. Des offres de crédits, de placements et d’assurances sont ainsi en projet. Histoire de diversifier aussi des sources de revenus qui aujourd’hui reposent essentiellement sur les commissions interbancaires (dites d’interchange) touchées à chaque paiement par carte.

Les frais d’envoi offerts pour le lancement français

A l'occasion de son démarrage en France, Revolut exonère de frais d’envoi (6 euros en temps normal) les 10 000 premiers ressortissants français à ouvrir un compte et commander une carte.

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