Le président de la République Emmanuel Macron a annoncé vendredi plusieurs concessions au secteur du bâtiment, en particulier sur le Prêt à taux zéro. Le PTZ devrait finalement être maintenu pour les projets immobiliers dans le neuf dans les zones les moins tendues, B2 et C, en 2018 et 2019, mais l'aide publique sera tout de même amoindrie.

Le gouvernement prévoyait de supprimer le PTZ dans les zones où le marché immobilier est le moins en tension. Cette aide sera finalement conservée, dans un format réduit, a précisé le chef de l'Etat à l'occasion d'un salon professionnel organisé par la Fédération française du bâtiment. Le secteur s'inquiète depuis plusieurs semaines du gigantesque coup de rabot budgétaire qui le menace : outre la réduction du PTZ, l'exécutif prévoit une baisse généralisée des aides personnalisées au logement (APL) et la fin du crédit d'impôt transition énergétique (CITE) pour les portes et fenêtres.

« Je vous ai entendu et j'ai aussi entendu les maires ruraux qui nous ont alertés sur le fait que ça pouvait, chez eux, freiner l'activité, en tout cas donner le sentiment d'une fracture qui pouvait s'installer », a expliqué le président de la République. « Ce que je demande au gouvernement, c'est de garder la philosophie d'ensemble de la réforme, mais que sur le PTZ en zones B2 et C [les moins tendues, NDLR], on puisse ouvrir très rapidement, la semaine prochaine, une concertation », a-t-il poursuivi.

« Un taux à 20% ne créerait pas une rupture »

L'issue de cette discussion fait peu de doute, puisque le président de la République a estimé qu'un « taux à 20% ne créerait pas une rupture », en faisant référence à la quotité, c'est-à-dire la part du montant de l'achat pouvant être financé à taux zéro. Puis il a répété : « Un PTZ à 20% en B2 et C », déclaration qui a été suivie d'applaudissements de la part des professionnels présents sur ce salon.

Actuellement un PTZ peut financer jusqu'à 40% d'un achat immobilier. Au lieu de la suppression envisagée, l'Elysée a donc décidé de couper la poire en deux. Le chef de l'Etat n'est pas entré dans le détail concernant le PTZ dans le neuf ou l'ancien avec travaux mais il évoquait sans grande ambiguïté le PTZ dans l'immobilier neuf. Autrement dit, sauf surprise, le PTZ serait maintenu partout sur le territoire dans le neuf, avec des zones où le montants financés seront moindres, et il devrait se concentrer sur les zones B2 et C pour l'ancien avec rénovation.

Lire aussi, sur les annonces initiales : Où pourra-t-on bénéficier du PTZ en 2018 ?

Quelques heures plus tard, lors d'une conférence sur « Les 40 ans de la politique de la ville », le ministre de la Cohésion des territoires Jacques Mézard a confirmé l'annonce du chef de l'Etat sur le PTZ. Et il a précisé que ce maintien du PTZ « neuf » dans les zones B2 et C serait valable pendant 2 ans, soit en 2018 et 2019.

Macron lâche aussi du lest sur les chaudières au fioul

Idem pour les chaudière au fioul, qui devaient être privées de crédit d'impôt transition énergétique (CITE). « Il ne faut pas arrêter certaines chaudières fioul qui étaient respectueuses de l'environnement » et « que vont plutôt chercher les classes moyennes ou les classes populaires dans la France rurale ou périphérique », a déclaré Emmanuel Macron. Il a souhaité « qu'on sorte là-dessus en sifflet », sans pour autant détailler le calendrier, ni les taux ou montants de prise en charge envisagés.

Le président a aussi appelé à « un accompagnement en sifflet » pour « qu'il n'y ait pas une rupture brutale sur les portes et fenêtres », qui doivent sortir du dispositif CITE d'ici fin mars. « Je souhaite qu'il y ait une discussion avec le secteur et qu'on puisse en 2018 mettre sur pied quelque chose de plus intelligent », a-t-il indiqué.