Edouard Philippe se dit « ouvert », dans une interview à Libération publiée mardi soir, à une hausse des « taxes spécifiques » sur certains biens de luxe, par exemple « les grosses cylindrées polluantes », qui vont être exclus en 2018 du champ de l'impôt sur la fortune (ISF).

« Nous nous sommes engagés à remplacer l'ISF par un impôt sur la fortune immobilière. Pour des questions de cohérence et de sécurité juridique, on ne va pas mettre dans la même assiette immobilier et biens mobiliers », fait valoir le Premier ministre. En revanche, « il existe des taxes spécifiques sur ces biens mobiliers, par exemple sur les grosses cylindrées polluantes ou les yachts. On peut parfaitement les augmenter. On est ouvert à la discussion au Parlement », déclare Edouard Philippe au quotidien.

Sur la taxation des yachts, une idée avancée par des élus, y compris dans la majorité, le Premier ministre souligne toutefois que très peu de ces navires de luxe sont encore immatriculés en France. « Pourquoi si peu ? Parce qu'ils sont partis. Donc qu'est-ce qu'on fait ? », objecte-t-il.

« On a fait fuir le capital »

Sous le feu des critiques, notamment à gauche, les ministres de l'Economie et des Comptes publics, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, se sont déclarés ouverts à la possibilité de taxer certains « produits ostentatoires », sans remise en cause de la réforme de l'ISF. Comme l'avait proposé Emmanuel Macron durant la campagne, l'ISF exclura l'an prochain de son calcul les valeurs non immobilières, pour devenir un « impôt sur la fortune immobilière ».

« On supprime l'ISF parce que ça ne marche pas. Parce qu'on a fait fuir le capital », défend Edouard Philippe dans Libération. « En 15 ans d'ISF, on a fait partir 10 000 contribuables représentant globalement 35 milliards de capital. Et quand il sont partis, ils ne payent plus non plus l'impôt sur le revenu. Or c'est ce public qui paie la masse déterminante de l'impôt sur le revenu. Si on avait un ISF qui ne faisait pas partir les gens, je ne le supprimerais pas. L'ISF provoque un appauvrissement de la ressource fiscale, donc de tout le pays », justifie-t-il. « Nous passons un temps infini sur cet impôt qui ne marche pas. Mais notre politique fiscale ne se résume pas à ça », déplore encore le Premier ministre.