Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a estimé jeudi que la Banque centrale européenne (BCE) devait réduire ses achats d'actifs, mais de façon « pragmatique », afin de maintenir l'orientation « accomodante » de sa politique monétaire.

« S'agissant de nos achats d'actifs, nous devons en réduire l'intensité de manière pragmatique », a déclaré le responsable de la Banque de France, par ailleurs membre du conseil des gouverneurs de la BCE, lors d'un discours prononcé devant le Centre des professions financières. « J'insiste sur le terme pragmatique car, tout en maintenant les règles actuelles, nous devons d'une part exploiter les marges de flexibilité du programme et, d'autre part, garder en réserve une capacité d'achat supplémentaire, si nécessaire », a ajouté le gouverneur dans ce discours.

L'évolution du programme d'achats d'actifs, instauré par la BCE dans le cadre de sa politique de soutien à l'économie, dite « d'assouplissement quantitatif », devrait être l'une des questions abordées lors du prochain conseil des gouverneurs de l'institution, prévue le 26 octobre. « La politique monétaire ne se limite pas à l'assouplissement quantitatif (QE), et l'assouplissement quantitatif ne se limite pas aux achats nets d'actifs », a toutefois souligné Villeroy de Galhau, pour qui la BCE peut maintenir une politique monétaire « accommodante », « même en réduisant » ses « flux d'achats nets mensuels ».

Pas de relèvement des taux avant un « ajustement durable de l'évolution de l'inflation »

Le gouverneur de la Banque de France estime par ailleurs que la Banque centrale européenne ne doit « pas envisager de relèvement » de ses taux d'intérêt « avant d'avoir observé un ajustement durable de l'évolution de l'inflation ». « Malgré les progrès vers notre cible, le rythme est encore trop lent », a-t-il expliqué.

Ces préconisations sont conformes aux décisions de la BCE, qui a annoncé début septembre vouloir maintenir aussi longtemps que nécessaire son soutien appuyé à l'économie, en conservant ses taux directeurs au plus bas tout en confirmant son programme de rachat de dette.

Depuis le lancement en 2015 du QE, la BCE a créé plus de 2.000 milliards d'euros de monnaie pour financer ses achats d'obligations sur le marché. Cette politique a produit des effets sur l'offre de crédit et sur l'activité, mais n'a pas permis à ce stade à l'inflation de revenir à son « niveau cible » de 2%.