Le Haut conseil des finances publiques (HCFP) a validé les prévisions du projet de loi de finances (PLF) 2018 de la France, qui sera dévoilé mercredi par le gouvernement, tout en mettant en garde contre des « risques significatifs » sur la « réalisation des économies » promises par Bercy.

« Le scénario macroéconomique du projet de loi de finances », qui repose sur une croissance de 1,7% et sur un déficit public de 2,6% du PIB l'an prochain, est « raisonnable », a souligné le Haut conseil dans un avis publié mardi. « La prévision de croissance du gouvernement pour 2018 est proche de celles des organisations internationales » et son hypothèse d'inflation, fixée à 1,1%, est « raisonnable », ajoute le HCFP, organe chargé d'évaluer la crédibilité des prévisions du gouvernement.

Selon cet avis, qui sera dévoilé officiellement mercredi, le montant total net des baisses d'impôts liées aux réformes fiscales prévues par le PLF sera de sept milliards d'euros l'an prochain, au lieu des dix milliards annoncés par le gouvernement. Cette différence s'explique par le fait que la suppression des cotisations chômage et maladie pour les salariés du secteur privé, qui devait à l'origine intervenir début 2018, se fera en deux étapes, prévues le 1er janvier et le 1er octobre. « En année pleine, la baisse sera bien de 10 milliards », a toutefois assuré une source proche du dossier.

Accélération des rentrées fiscales

Dans ce contexte, et « sous réserve des incertitudes portant sur le chiffrage » des réformes fiscales prévues par l'exécutif, « la prévision des recettes tirées des prélèvements obligatoires » est elle aussi « prudente », souligne le Haut Conseil. Une appréciation bienveillante pour le gouvernement, qui a récemment revu à la hausse sa prévision de croissance de 1,6% à 1,7% pour l'année 2017, et compte sur l'accélération des rentrées fiscales pour tenir ses objectifs de réduction du déficit public.

Le HFCP, qui note qu'un effort visant à une « budgétisation plus réaliste » a été effectué sur le budget de l'État, met toutefois en garde contre des « risques significatifs » concernant « la réalisation des économies » promises par l'exécutif. Le gouvernement, pour boucler son budget, a annoncé une baisse de la dépense publique de 0,7 point de PIB en 2018, impliquant quelque 16 milliards d'économies, réalisées à la fois par l'Etat, la Sécurité sociale et les collectivités territoriales.

Des objectifs d'économies plus exigeants qu'en 2017

« Les objectifs d'économies », fixés par rapport à la hausse tendancielle des dépenses, « sont plus exigeants qu'en 2017 », observe le Haut Conseil, qui insiste sur « la nécessité de respecter » ces engagements, « même si les recettes venaient à être meilleures que prévu ».

En cause : le haut niveau « élevé » du « déficit structurel », c'est-à-dire calculé hors effets de la conjoncture. Selon le HCFP, ce solde « structurel » ne sera réduit que de 0,1 point l'an prochain, pour passer de 2,2% du PIB à 2,1% du PIB. Cet effort n'est « pas conforme » aux règles européennes, « qui prévoient un ajustement supérieur à 0,5 point de PIB », insiste le Haut Conseil, pour nuancer cet avis globalement favorable.

L'an dernier, le HCFP s'était montré beaucoup plus sévère sur les prévisions budgétaires de Paris, estimant que le PLF 2017 tendait « à s'écarter du principe de prudence » en se basant sur un objectif de déficit « improbable ».