Après un test depuis le printemps, l’assureur Apicil va généraliser la distribution de son fonds Euroflex. La particularité : c’est le fonds euros le plus risqué du marché, avec un capital garanti à seulement 96%. En contrepartie, l’assureur espère de meilleurs rendements, grâce à une poche risquée plus importante.

Un fonds euros déguisé en unité de compte ? C’est un peu le concept d’Euroflex, le nouveau pari d’Apicil. Un fonds « nouvelle génération », qui sera distribué dès octobre par Linxea, Bourse Direct ou Monfinancier, ainsi que par les conseillers en gestion de patrimoine partenaires (Primonial, etc.).

Côté pile, le produit est « un fonds euro, dans son esprit, et sa mécanique », précise l’assureur : liquidité, disponibilité, avantages fiscaux… L’originalité, c’est qu’il franchit pour de bon une digue fragilisée par la concurrence : la sécurité. « Le capital sera garanti à 96% », annonce confirme Romain Chevalier, directeur du développement des réseaux externes du groupe. La mécanique est simple : la garantie s’appliquera au capital atteint dans l’année. « Si la deuxième année, on est passé de 100 à 103, Apicil garantira 96% des 103. Et ce sera la même chose en cas de baisse. »

Le fonds affiche donc un risque : perdre tout ou partie de sa mise. « Dans un scénario improbable et extrême, le risque est de tendre vers zéro », confirme le cadre d’Apicil. « Mais c’est en réalité la même chose pour la plupart des fonds actuels. » Il n’a pas tort : la tendance à garantir les fonds « hors frais de gestion », cela correspond, pour schématiser, à une garantie à 99%. Apicil a simplement poussé le curseur un peu plus loin.

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Un fonds à coussin réinventé ?

Mais pour autant, le produit ne sera pas volatile comme une unité de compte. « On est dans un vrai fonds euros, régi par le code des assurances », insiste Romain Chevalier. « Il nous impose une gestion prudentielle. » Alors, pourquoi en faire le fonds le plus « risqué » du marché ? « Pour apporter plus de souplesse dans la gestion. Cette garantie limitée nous autorise une plus grande prise de risque dans l’allocation d’actifs. » Ainsi, le fonds pourra contenir 24% de produits risqués : obligations d’entreprises, titres immobiliers (SCPI, OPCI, foncières cotées), OPCVM diversifiées, et jusqu’à 4% de produits à levier (warrants, options…).

En limitant la garantie, Apicil réinvente le concept de fonds à coussin, où une poche de performance vise à booster le rendement. Un modèle remis en cause, car les fonds ne livrent plus de performances XXL. « Notre gestion n’est pas annualisée comme un fonds à coussin. Nous nous positionnons dans une gestion à long terme. D’ailleurs, nous ne serons pas non plus dans une approche opportuniste, à acter des plus-values à tout prix pour doper le taux annuel. »

Objectif : 0,5 à 0,7 point de mieux que le fonds euros classique

L’objectif : livrer 0,5 à 0,7% de plus que l’actif général. Ce n’est pas rien en sachant que l’actif d’Apicil est l’un des plus performants (2,20% à 2,35% en 2016 sur Apicil Euro Garanti). Mais cela peut paraître peu face au risque de perte en capital ! « Cela va demander une nouvelle pédagogie pour expliquer et proposer ce fonds », reconnaît Romain Chevalier. « On travaille avec nos partenaires sur une documentation claire et transparente. Il faut le voir comme un instrument de diversification de portefeuille. Une première étape, dans le chemin vers les unités de compte. Euroflex est un bon compromis performance-risque. »

L’assureur a conscience qu’il va être attendu au tournant. « Si on faisait -4% chaque année, ce serait forcément un échec commercial ! Mais nous avons confiance en notre gestion. Ne pas garantir 4% du capital, c’est se donner du souffle, pour dynamiser le rendement. Cela repositionne l’assureur dans une gestion plus active, capable de diversifier, de miser sur le long terme. »