Les « lettres plafonds », qui constituent l'embryon du budget 2018, ont été envoyées lundi à tous les ministères, a-t-on appris auprès de Matignon, qui prépare un vaste plan d'économies et de baisse d'impôts pour l'an prochain.

Ces lettres, sur lesquelles le Premier ministre Edouard Philippe travaillait depuis plusieurs semaines, fixent par portefeuille les montants et effectifs maximum dont pourront bénéficier les ministères l'an prochain, a précisé son entourage. Sur le fond, Matignon s'est refusé à détailler le contenu de ces lettres, « qui ne sont pas destinées à être rendues publiques », renvoyant aux priorités fixées par le Premier ministre la semaine dernière dans une interview au Parisien.

Dans cet entretien, le chef du gouvernement avait évoqué des « orientations ambitieuses » en faveur « des armées, de l'Education nationale, de l'enseignement supérieur, de l'écologie et de la justice », sans donner de chiffre précis. Quant aux cibles privilégiées pour les 20 milliards d'euros d'économies visées par l'exécutif l'an prochain, Edouard Philippe avait mentionné « les politiques publiques qui n'apportent pas de réponses à la hauteur des enjeux ».

Le logement et l'emploi dans le collimateur

Le Premier ministre avait notamment cité « la politique du logement : 40 milliards d'euros par an pour des résultats dont chacun s'accorde à dire qu'ils sont insatisfaisants » ou encore « la politique de l'emploi », notamment concernant les « emplois aidés », très utilisés lors du quinquennat Hollande.

« Le budget 2018 fera des choix, il assumera des priorités claires pour la transformation du pays », a prévenu Edouard Philippe, soulignant que l'exécutif visait des baisses de prélèvements obligatoires « proches de 11 milliards » l'an prochain, notamment en réformant l'impôt sur la fortune (ISF) et la taxe d'habitation, ainsi que des baisses de charges en échange d'une hausse de la CSG.

Le budget 2018 difficile à boucler

Le budget 2018 s'annonce difficile à boucler : tout en baissant les prélèvements obligatoires de 11 milliards, l'exécutif veut réduire le déficit à 2,7% du PIB, contre 3,0% visés en 2017, pour une hypothèse de croissance de 1,7%.

Parmi les baisses d'impôt, la réforme de la taxe d'habitation représente 3 milliards d'euros, la réforme de l'ISF 3 milliards et celle du prélèvement forfaitaire des revenus de l'épargne (« autour de 30% ») 1,5 milliard, avait expliqué Edouard Philippe dans une interview aux Echos il y a un mois.

Pour l'ensemble du quinquennat, l'exécutif vise une baisse de 20 milliards des prélèvements obligatoires, dont 11 concentrés sur 2018, ainsi qu'un gel (hors inflation) de la dépense publique, pour « au moins 20 milliards d'euros d'économies en 2018 ».