Le marché immobilier ancien a battu tous les records au printemps en enregistrant 907 000 transactions sur les douze mois écoulés, un « niveau historique », selon les chiffres publiés jeudi par les notaires de France. Si les évolutions de prix sont inégales sur le territoire, la dynamique est clairement haussière dans les grandes agglomérations.

Cela « dépasse nettement » le volume cumulé un an plus tôt sur la même période, à savoir 824 000 ventes d'appartements et maisons anciennes, précisent les Notaires de France dans une note publiée jeudi. Le marché immobilier ancien a ainsi battu le précédent record de 848 000 ventes, établi lors d'une année 2016 déjà très dynamique.

« Il n'y a pas pénurie de biens à vendre, mais des biens qui trouvent preneur très rapidement », observent les notaires, et les transactions se font souvent « sans négociation, tirant les prix vers le haut ».

2 970 euros le m2 à Lille, 3 550 euros à Bordeaux

Au premier trimestre, les prix des logements anciens ont augmenté de 2,7% sur un an, selon l'indice Notaires de France-Insee. Les prix des appartements anciens ont ainsi pris 15,5% à Bordeaux (à 3 550 euros le m2 en moyenne), 11,1% à Nîmes (à 1 510 euros le m2), 8,5% à Lille (2 970 euros), 6,4% à Nancy (1 800 euros) et 5,5% à Paris (8 450 euros), comparé à la même période de 2016, selon les données enregistrées par les notaires. Ils ont en revanche reculé de 9,4% à Clermont-Ferrand (à 1 600 euros le m2), de 5,4% à Amiens (1 830 euros) et de 4,7% à Metz (1 570 euros).

Très attractive, la métropole de Bordeaux a désormais ravi à Nice le statut de 2e ville la plus chère après la capitale, avec un prix moyen supérieur de 90 euros le m2 à celui de cette dernière. « Les envolées de prix dans certaines agglomérations doivent alerter », estiment les notaires, qui tablent sur une poursuite de cette remontée au vu des avant-contrats conclus dans toute la France. A fin août, les prix devraient avoir progressé de +4% pour les appartements anciens et +1,2% pour les maisons anciennes.

Ces professionnels ne constatent toutefois pas « d'effet de bulle » car les ventes sont très majoritairement réalisées par des ménages souhaitant se loger, et non par des investisseurs souhaitant placer des fonds. Pour les notaires, le marché immobilier ancien est dans une phase de rattrapage des ventes non réalisées les années précédentes. Si, jusque-là, la « hausse fulgurante » du nombre des crédits immobiliers a été artificiellement gonflée par des rachats d'anciens crédits aux taux moins favorables, ces derniers diminuent aujourd'hui, observent-ils.

La fiscalité, « un levier à manier avec subtilité » pour les notaires

La part des renégociations dans les volumes de nouveaux crédits consentis aux ménages par les banques est tombée à 42% en mai contre 62% en janvier, selon la Banque de France. Les taux de crédit immobilier demeurent bas et « on peut imaginer que tant qu'ils ne remonteront pas fortement, suffisamment pour frapper les esprits en tout cas, la mécanique actuelle ne sera pas cassée ». Malgré la hausse des prix, les taux bas continuent à solvabiliser les acquéreurs : ils se sont établis à 1,56% en moyenne au deuxième trimestre, selon l'observatoire Crédit Logement-CSA.

Dans un contexte où « la bonne tenue persistante du marché immobilier alimente, pour une large part, les budgets des collectivités en remplissant les carnets de commandes des entreprises du bâtiment », la fiscalité doit être « un levier à manier avec subtilité », avertissent les notaires. Ceux-ci pointent notamment la transformation de l'impôt sur la fortune (ISF) en impôt sur la fortune immobilière (IFI) envisagée par le gouvernement, pour une entrée en vigueur dès 2018.

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