Mi-juin, Boursorama Banque n'a mis que 3 jours à répliquer à la baisse des tarifs de BforBank, symbole de la compétition que se livrent les banques en ligne pour bien figurer dans les palmarès de frais bancaires. Pourtant, dans les faits, le prix des services du quotidien sont quasi-alignés, les seules différences notables apparaissant sur les incidents de paiement.

Cela aurait pu faire événement. Fin avril, BforBank, la banque en ligne du groupe Crédit Agricole, annonce un large réajustement de sa grille tarifaire, avec quelques hausses (sur les opérations initiées par téléphone par exemple) mais aussi une série de baisses de prix, notamment sur les achats par carte hors zone euro et retraits à l'étranger (de 2% à 1,95% du montant), sur les découverts autorisés (de 8% à 7%) et sur l’envoi de chéquier en recommandé (de 5 euros à gratuit).

Cette nouvelle grille tarifaire, entrée en vigueur le 18 juin dernier, permet à BforBank de se placer en tête des palmarès tarifaires, et notamment du classement cBanque des banques les moins chères. Les opérations à l’étranger, le taux d’agios sur les découverts autorisés ou les frais d’envoi de chéquier font en effet partie des opérations fréquemment retenues pour distinguer et classer les grilles tarifaires des banques en ligne. Et figurer en tête de ces comparateurs est un vrai atout commercial : le prix est en effet la 2e cause de changement de banque en France, derrière la qualité de service.

Boursorama Banque coutumière du fait

BforBank n’aura toutefois profité de ce statut de banque la moins chère que trois jours : même pas le temps pour elle de communiquer sur le sujet. Trois petits jours avant que Boursorama Banque n’ajuste légèrement à la baisse le prix des achats et retraits par carte hors zone euro (de 1,97% à 1,95% du montant), et ne reprenne la tête. Pour le client, la baisse est symbolique : de l'ordre de deux centimes d'euros sur un retrait de 100 dollars US (1). Mais pour Boursorama Banque, le gain est stratégique.

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la filiale de la Société Générale - leader de la banque en ligne en France avec 1,05 million de clients à fin mars - procède à ce type de micro-ajustements, avec un gain réduit pour le client mais destinés à protéger sa première place dans les palmarès. Exemple : Fortuneo, la filiale du Crédit Mutuel Arkéa, annonce qu'elle ramène le coût des achats et retraits à l’étranger de 2% à 1,98% le 1er janvier 2016, et espère ainsi devancer Boursorama Banque. Mais cette dernière réagit immédiatement et s'aligne dès le 31 décembre 2015. Un an plus tard, à la mi-janvier 2017, elle fait même passer cette ligne tarifaire à 1,97%.

Des différences marginales pour le client

Du point de vue du client toutefois, cette « guerre de mouvement » peut faire sourire. Au moins pour ce qui est des usages quotidiens du compte bancaire, les tarifs des banques en ligne sont en effet quasi-alignés. Et pour cause, la plupart des services sont gratuits : l'accès à la banque en ligne, la tenue de compte, la carte bancaire, les retraits, les prélèvements, virements et chèques de banque ainsi que l'envoi de chéquier. Seuls les achats et retraits par carte hors zone euro permettent de les distinguer, et c'est seulement à la marge, comme nous l'avons déjà vu.

Pour trouver des différences plus substantielles, il faut aller examiner des lignes tarifaires plus exceptionnelles, celles qui sanctionnent les incidents de paiement. Aucune banque en ligne, il faut le rappeler, n'applique de commissions d'intervention. Elle facturent en revanche les découverts - autorisés et non autorisés -, les rejets de chèques (pour un chèque de plus de 50 euros, 30 euros chez Boursorama, 50 euros chez BforBank) ou de prélèvements pour solde insuffisant (20 euros maximum chez la première, contre 10 euros maximum chez la seconde), ou encore la lettre d’information préalable au rejet de chèque (10 euros chez BforBank, gratuite chez Boursorama). Mais sur ces frais aussi, le top 3 - Boursorama Banque, BforBank et ING Direct - se tient, au final, dans un mouchoir de poche.

A consulter : le classement cBanque des banques les moins chères

(1) Retrait aux USA de 100 dollars + 3 dollars de frais prélevés par la banque détenant le DAB, soit un débit d'environ 92 euros au cours du 27 juin. Les frais de retrait avec un taux de 1,97% représentent 1,81 euro. Avec un taux de 1,95%, ils représentent 1,79 euro, soit 2 centimes de moins.