Où en est Monabanq, la moins parisienne des banques en ligne, qui a fêté ses 10 ans fin 2016 ? Elle lance ces jours-ci « &vous by Monabanq », un « programme relationnel d’aide à la gestion budgétaire ». L’occasion d’une conversation avec Loïc Bérenguier, son directeur marketing et communication.

Loïc Bérenguier, « &vous by Monabanq » est un objet bancaire assez inhabituel. Pouvez-vous nous expliquer son fonctionnement ?

Loïc Bérenguier : « L’idée est d’offrir, gratuitement, des conseils très pratiques aux nouveaux travailleurs - les entrepreneurs freelance par exemple -, aux nouveaux voyageurs - les retraités qui passent 6 mois par an au Portugal ou ailleurs - ou encore aux nouveaux consommateurs, qui partagent leur appartement ou leur voiture grâce à l’économie collaborative. Autant de nouveaux usages sur lesquels nous synthétisons des contenus et apportons notre expertise en matière de coaching budgétaire. »

Quel est l’objectif recherché ?

L.B. : « Monabanq pâtit d’un petit déficit de notoriété. L’objectif premier est donc de fournir au lecteur un contenu qui soit pertinent par rapport à ses besoins, pour qu’il revienne et qu’il soit de plus en plus exposé à la marque. »

Mais « &vous by Monabanq » vous permet également de collecter des informations…
« Engranger de la connaissance sur nos clients »

L.B. : « Oui, le programme encourage l’hyperpersonnalisation et va nous permettre d’engranger de la connaissance sur nos clients, actuels et futurs, pour déterminer quels types de produits nous pourrions développer demain. Je suis persuadé qu’une partie de la banque est aujourd’hui à reconstruire. Un exemple : je suis passé, il y a quelques temps, d’un statut de directeur marketing dans la grande distribution à celui d’entrepreneur. J’ai senti que le regard de ma banque sur moi changeait un peu, alors que techniquement je gagnais mieux ma vie. La société change. L’écosystème bancaire, lui, ne change pas. Je pense que Monabanq a un vrai rôle à jouer dans ce contexte. »

Qui vous fournit ces contenus ?

L.B. : « Pour le lancement, nous avons co-créé les contenus avec l’agence Big Youth, du groupe Makheia. Les articles citent précisément leurs sources, et tout est passé par un filtre juridique : en matière de coaching budgétaire, il faut être précis. Pour la suite, nous avons fait ce que fait rarement une banque : nous avons recruté des journalistes en interne. Et dès cet été, certains partenaires, en particulier de l’économie collaborative, vont co-signer des contenus. »

On trouve déjà sur « &vous » des contenus co-signés par l’agrégateur Bankin’. Que pensez-vous de l’émergence de ces nouveaux acteurs qui viennent s’intercaler entre la banque et son client ?
« L'émergence des fintechs est inéluctable »

L.B. : « J’en pense deux choses. Un : c’est inéluctable, ils prennent une place restée vacante jusqu’à maintenant, et la nature a horreur du vide. Deux : ce sont des sociétés très agiles, très opportunistes dans le bon sens du terme. Bankin’ a eu une idée simple - aider les usagers à gérer leurs différents comptes - et a réussi à la mettre en œuvre de manière simple. Ils ont aujourd’hui une très bonne connaissance des usages de leurs clients. C’est une entreprise qui se nourrit de data. La question maintenant est : que vont-ils en faire ? »

Envisageriez-vous, pour collecter plus de data, de lancer un assistant budgétaire sur mobile, comme le fait par exemple le Crédit Mutuel Arkéa avec Max ?

L.B. : « Notre souhait est de disposer au plus vite d’une appli bancaire au niveau du marché pour nos clients, « &vous by monabanq » permettant déjà un coaching budgétaire sur mobile. »

Ne craignez-vous pas que Monabanq et les autres banques en ligne soient ringardisées par l’arrivée d’Orange Bank ?
« Orange veut éviter que sa base clients aille voir ailleurs »

L.B. : « On pourrait aussi se dire ça de l’arrivée de C-zam de Carrefour Banque, et sa box à 5 euros. Ce qui est certain, c’est que les usages sont vraiment en train de changer. Primo : Orange Bank va bousculer le marché, c’est très clair. Mais vont-ils aussi structurer le marché, ou simplement le suivre ? J’attends de voir. Secundo : ces nouvelles offres, qu’on annonce très disruptives, m’apparaissent surtout comme très défensives, dans une logique de rétention plus que de fidélisation. La problématique d’Orange me semble la suivante : comment j’équipe au maximum ma base clients gigantesque, pour éviter qu’elle aille voir ailleurs. Mais Orange va aussi découvrir que sur le marché de la banque, en particulier sur un modèle freemium, les équilibres économiques sont difficiles à trouver. »

Le nouveau dispositif de changement de banque, issu de la loi Macron, a-t-il profité à Monabanq ?

L.B. : « Oui, on en a plutôt profité. le solde est positif, sans pour autant qu’il y ait eu un déferlement de nouveaux clients. Nous sommes face à un effet facilitateur du changement, dont toutes les banques en ligne, y compris Monabanq, vont profiter, par rapport aux banques de réseau. »

Monabanq a fêté ses 10 ans fin 2016. L’enseigne a-t-elle trouvé sa place sur le marché ?
« Nous avons été les premiers à nous ouvrir à tous sans conditions de revenus »

L.B. : « Depuis l'évolution de notre positionnement il y a 2 ans, avec notre signature Les gens avant l'argent, nous avons retrouvé une place à part dans le marché. Cette place à part se retrouve dans notre tarification transparente (2 euros par mois) et ouverte à tous. Nous avons été les premiers à nous ouvrir à l'ensemble des clients sans conditions de revenus. »

Quelles sont les nouveautés à venir, en terme de produits ?

L.B. : « Il y a des choses qui arrivent, notamment à la rentrée, mais dont on ne peut pas encore parler. »

Le lancement d’une offre de prêt immobilier est, on le sait, dans les tuyaux. Où en êtes-vous ?

L.B. : « On avance. Le sujet n’est pas simple. Sortir un simple crédit immobilier en ligne, ça peut être très rapide. Nous, nous voulons le faire de manière plus complète. Nous y travaillons, en collaboration avec notre groupe, Crédit Mutuel. »