« Efforts à poursuivre » : voici le message que l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution semble transmettre aux assureurs-vie dans une analyse financière des fonds en euros. Pour les épargnants, cela signifie que l’érosion des rendements devrait continuer au même rythme.

Ces dernières années, les pouvoirs publics tout comme le régulateur du secteur, l’ACPR, ont multiplié les appels à la modération des rendements. Un appel longtemps resté vain puisque, si l’érosion des taux des fonds euros ne se dément pas, elle n’atteignait jamais la hauteur souhaitée par l’ACPR. La situation a changé en ce début 2017 pour la saison d’annonce des rémunérations servies pour l’année 2016. Cette fois, le taux moyen a perdu un demi-point, passant de 2,3% à 1,8% selon la fédération des assureurs.

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La semaine passée, l’ACPR a publié une analyse de l’assurance-vie dans cet « environnement de taux bas ». Dans cette publication, le régulateur bancaire et financier ne cache pas une certaine satisfaction. Car cette baisse de rémunération des fonds euros s’est accompagnée d’une dotation en hausse des provisions (PPB), ce qui permet aux assureurs de se garantir une certaine marge dans l’attribution de leurs rendements futurs.

Un équilibre qui « doit être préservé »

L’appréciation de l’ACPR pourrait être résumée ainsi : « Satisfaisant, mais il faut poursuivre les efforts. » Car le régulateur n’oublie pas de maintenir la pression sur les assureurs : « (…) Le nécessaire équilibre à long terme entre intérêt des assurés, respect des engagements contractuels donnés et solvabilité durable doit être préservé », rappelle ainsi le gendarme du secteur banque-assurance. « Dans un contexte d’incertitude sur l’évolution des taux d’intérêt, compte tenu également de l’hétérogénéité des situations individuelles, ce point continuera de faire l’objet de l’attention de l’ACPR. »

Les risques, en cas de remontée brutale des taux, persistent selon le régulateur : retraits massifs des épargnants sur leur assurance-vie, devenue moins rentable que d’autres placements, incapacité des assureurs à honorer leurs garanties, etc.

Des fonds en euros qui changent de visage

L’ACPR constate aussi une évolution de la structure financière des fonds en euros. La part des obligations, qu’il s’agisse d’emprunts corporate ou des emprunts d’Etat, baisse sensiblement, « au profit des actifs non amortissables (principalement actions et assimilés ou immobilier) ».

L’autre évolution notable, c’est le fait que « la souscription d’unités de compte [soit] privilégiée par rapport à des versements sur des supports en euros ». Une évolution due à la fois à la recherche de performance de la part des épargnants, en l’échange d’un risque en capital, et aux incitations des assureurs en faveur des UC. L’ACPR pointe ainsi une évolution notable dans le courant de l’année 2016 : lors des sept derniers mois, les arbitrages ont toujours été très majoritairement orientés des fonds euros vers les UC, alors que la tendance est traditionnellement inverse.

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Une baisse de rendement régulière jusqu’en 2025 ?

« Le taux de rendement de l’actif connait une baisse tendancielle depuis 2007 », constate l’ACPR, évoquant ainsi la performance brute des fonds en euros, et non le rendement servi aux assurés après provision, notamment. « Il est passé de 5,1% en 2006 à 3,4% en 2015 [et 2,9% en 2016, NDLR], en atteignant un maximum de 5,5% en 2007. Cette évolution est en grande partie expliquée par la diminution des revenus récurrents (provenant des coupons, des dividendes et des loyers). » Or, ce rendement brut devrait perdre « 20 points de base par an ». Soit une performance moyenne brute de 2,7% en 2017, 2,5% en 2018, 2,3% en 2019, jusqu’à 1,9% en 2021 et 1,26% en 2025 selon les prévisions de l’ACPR.