Avec le premier tour de la présidentielle française en vue, à l'issue plus incertaine que jamais, la tendance devrait être à l'attentisme la semaine prochaine sur les marchés européens, Bourse de Paris en tête.

« Les jours à venir seront encore dominés par l'environnement politique et tous les investisseurs seront rivés à leur écran de télévision au soir du 23 avril pour connaître le résultat du premier tour » en France, résume auprès de l'AFP Vincent Juvyns, un stratégiste de JPMorgan AM. « C'est certainement l'événement le plus important de la semaine prochaine et du trimestre pour les places financières en Europe, voire même au-delà », complète-t-il.

Et « à l'aube d'un des scrutins les plus incertains de la Ve République, les investisseurs français et encore plus les investisseurs étrangers se posent beaucoup de questions » et surveillent étroitement tous les sondages, analyse-t-il. « C'est une élection atypique avec un jeu à quatre, dans lequel il est difficile de voir deux candidats se détacher véritablement », souligne également auprès de l'AFP Pascale Seivy, responsable du conseil en investissement chez Pictet en France.

Les « candidats anti-européens » font peur

« De fait, rappelle-t-elle, ce n'est pas tant l'élection en elle-même qui crée des tensions, mais la montée dans les sondages de candidats anti-européens ». Et tout cela devrait se matérialiser la semaine prochaine « par une position d'attente des investisseurs, avec une tendance un peu orientée à la baisse compte tenu de l'incertitude » et de la nervosité, anticipe la spécialiste.

Pourtant, « ni les derniers résultats d'entreprises, ni les données macroéconomiques qui montrent toujours des signes d'amélioration ne justifient un reflux. Mais les marchés sont vraiment bridés », explique Pascale Seivy. Selon elle, « il y a beaucoup d'investisseurs qui patientent aux portes de l'Europe pour se repositionner sur les indices européens, mais ils attendent pour cela que le risque politique soit levé ». Pour tromper l'attente du verdict électoral français, les investisseurs auront un peu d'animation du côté des entreprises avec en particulier la montée en puissance de la saison des résultats aux États-Unis.

Longue pause pascale

Les poids lourds bancaires américains sont notamment attendus à partir de ce jeudi tandis qu'à Paris, les groupes du CAC 40 commencent à publier leur chiffre d'affaires pour le premier trimestre. En termes de macroéconomie, les principaux chiffres attendus sont les indices d'activités PMI qui sont au programme tant en zone euro qu'aux États-Unis.

Au final, la semaine qui s'annonce a beaucoup de chances de ressembler à celle qui vient de s'écouler avec au milieu, un week-end pascal de quatre jours, soit la plus longue pause annuelle pour les marchés européens. Au cours des dernières séances, les indices ont en effet globalement eu tendance à faire soit du surplace, soit à refluer légèrement, le tout dans des volumes d'échanges assez faibles. La recrudescence des craintes géopolitiques, après l'attaque aérienne américaine sur une base syrienne la semaine dernière et l'envoi de plusieurs navires de guerre américains vers la péninsule coréenne, a également renforcé la prudence.

« Une tension visible, mais avec un ''t'' minuscule »

Et la politique française, avec la montée dans les sondages de Jean-Luc Mélenchon, a déjà été de la partie, avec un impact toutefois plus sensible sur le marché de la dette que sur ceux dédiés aux actions qui restent malgré tout à des niveaux élevés.

« La politique a déjà joué les trouble-fêtes sur les marchés cette semaine », mais cela s'est plus répercuté sur la dette française, avec un coût de financement qui s'est éloigné de celui de l'Allemagne, qui fait référence en la matière, observe Vincent Juvyns. Mais selon lui, « certes, il y a une tension visible, mais avec un ''t'' minuscule, car elle est sans aucun rapport avec celle que le marché a connue pendant la crise de la dette en 2011. Elle est aussi surtout le résultat de petits arbitrages quotidiens des gérants obligataires et non pas d'une stratégie contre la France ».